Alors que la plupart des Canadiens rêvent de posséder leur propre maison, le consultant Neil Jain plaide plutôt pour la location en raison de la souplesse qu'elle permet à l'investisseur désireux de spéculer sur les marchés financiers.

Fondateur et conseiller de la firme Money Life Skills, Neil Jain estime que les consommateurs peuvent accumuler un capital plus intéressant à long terme en investissant dans des actions ou sur le marché des obligations qu'en engloutissant toutes leurs économies dans l'achat et l'entretien d'une résidence.

«Si on est avisé et judicieux, les économies réalisées en louant une résidence ou lieu d'en acheter une permettent de constituer un bas de laine intéressant à long terme» a expliqué Neil Jain en entrevue à partir de son bureau de Toronto.

Le marché boursier comporte des risques comme on a pu le voir avec la crise de 2008, toutefois, selon le conseiller il ne devrait pas y avoir trop de fluctuation au cours des 20 ou 30 prochaines années.

Le bas taux d'inoccupation des logements démontre que les Canadiens optent en grande majorité pour un coût de loyer plus stable, sans imprévu surtout que plusieurs provinces comme le Québec et l'Ontario réglementent les taux d'augmentation.

La Régie du logement du Québec a fixé le taux d'augmentation raisonnable à 0,6% pour les logements chauffés à l'électricité et 2,7% pour les logements chauffés au mazout.

Trop d'aspirants à la propriété oublient de calculer tous les coûts reliés à l'achat et à l'entretien d'une maison. Ils se contentent souvent de comparer le prix du loyer à celui de l'hypothèque.

Parmi les frais courants, on doit comptabiliser les transferts de taxes pour l'édifice et le terrain, les honoraires pour l'inspecteur en bâtiment et le notaire, les assurances, les taxes municipales, la taxe de mutation et la commission de l'agent d'immeuble pour le vendeur.

Pour les propriétaires de condo, à cela s'ajoutent les frais d'entretien qui peuvent grimper si le fonds de réserve n'est pas suffisamment bien garni.

M. Jain souligne qu'il n'a pas été affecté lorsque les frais du condo qu'il louait à Toronto ont augmenté de 80%.

Il admet toutefois que l'accès à la propriété est un choix de vie et une façon d'engranger du capital pour ceux qui ne sont pas du genre investisseur.

«Je peux comprendre que des gens avec une jeune famille possèdent une maison dans une banlieue où ils disposent de tout l'espace dont ils ont besoin, mais de là à connaître suffisamment le marché immobilier pour savoir quand en retirer de bons revenus, c'est une opération hasardeuse.»

Alors que les conditions de financement sont vraiment favorables, les acheteurs potentiels sont tentés de se lancer dans la spéculation immobilière.

Les parents, qui ont vu la valeur de leur maison atteindre des sommets, encouragent leurs enfants à suivre leur exemple.

Et près de 70 pour cent des Canadiens ont profité des bas taux d'intérêt et des prix raisonnables pour acquérir une propriété.

Selon Farhaneh Haque, gestionnaire régionale et spécialiste en financement hypothécaire pour TD Canada Trust, tout le monde aspire à posséder sa propre maison. Pour plusieurs Canadiens, spécialement les premiers acheteurs, c'est de savoir choisir le bon moment. «Posséder une maison est un gage de fierté et d'accomplissement par opposition à ne rien posséder, mais c'est aussi une question de référence.»

La solution est d'abord de bien positionner sa situation financière afin d'éviter de ne pas trop bousculer son style de vie en acquérant sa résidence. Les facteurs qui doivent entrer en ligne de compte sont le cheminement de la carrière, la santé financière et les habitudes de remboursement des dettes.