La transformation de l'ancienne gare Viger en complexe de grand luxe est bel et bien un projet avorté. Après de nombreux reports, le promoteur Homburg vise maintenant un projet de milieu de gamme et espère être en mesure de livrer ses premières unités en 2016.

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Il y a cinq ans, Homburg a annoncé son intention d'investir environ 400 millions de dollars sur le terrain de l'ancienne gare, à quelques centaines de mètres de la tour de Radio-Canada. Le complexe devait inclure des condos haut de gamme, un hôtel-boutique ainsi que des bureaux et commerces, répartis dans huit immeubles. Puis, la crise financière de 2008 a frappé, repoussant le projet aux calendes grecques.

Le projet est encore vivant, mais sa nouvelle mouture sera plus modeste, a indiqué à La Presse Affaires Jan Schöningh, nouveau président et chef de la direction d'Homburg Invest. «Disons que ce ne sera pas une Jaguar ou une Land Rover, mais plutôt une très bonne Toyota, General Motors ou Chrysler.»

En clair, les appartements en copropriété ne seront plus destinés aux ultrariches. «On allait créer un endroit très ambitieux, on avait employé un architecte de renommée mondiale - Robert A.M. Stern -, et là je pense qu'on doit dire: créer des résidences super haut de gamme, en ce moment, ce ne serait pas réaliste», a dit M. Schöningh.

L'hôtel-boutique, quant à lui, n'est plus dans les plans. Homburg et ses partenaires miseront plutôt sur un établissement de trois étoiles et demie ou quatre étoiles, si hôtel il y a.

Et qu'en est-il des investissements? Ils pourraient osciller entre 200 et 250 millions de dollars, plutôt que les 350 à 400 millions prévus à l'origine, a laissé entendre M. Schöningh. «À Montréal, construire, c'est entre 200$ et 250$ le pied carré. Si on construit un million de pieds carrés sur les deux sites, les calculs ne sont pas difficiles à faire.»

Le futur CHUM, situé à un jet de pierre de l'ancienne gare Viger, est lui aussi retardé depuis plusieurs années. Mais le début des travaux du centre de recherche, l'arrivée récente d'un nouveau directeur général au centre hospitalier et les préparatifs sur le terrain même de l'hôpital auraient ranimé l'intérêt envers le projet d'Homburg.

«On voit que les circonstances s'améliorent et, grâce à ça, on reçoit beaucoup de demandes de gens qui sont liés au monde médical, qui sont intéressés à explorer les occasions sur notre site», a fait valoir M. Schöningh.

La date de livraison souhaitée par le président d'Homburg Invest - 2016 - coïncide d'ailleurs avec l'ouverture prévue de la première phase du nouveau CHUM. «Si vous me demandez un objectif, ce serait un objectif honnête à avoir», a-t-il déclaré hier.

La composition finale du projet d'Homburg n'est toutefois pas arrêtée. Les plans initiaux prévoyaient 8 immeubles, dont une tour de 18 étages, ainsi qu'un stationnement souterrain de 1600 places. Les «masses» prévues au départ pourraient être gardées, mais utilisées différemment, a indiqué Jan Schöningh. «Là où on avait des résidences haut de gamme, peut-être qu'il y aura des bureaux dans les mêmes tours.»

Le dirigeant souligne que les études préliminaires déjà faites pourront être réutilisées pour la nouvelle mouture du projet. Une firme d'architectes canadienne, et non plus new-yorkaise, sera retenue pour faire les plans finaux.

«Là, on est en train d'inventorier tout l'intérêt. Une fois qu'on sait où on en est, là on peut créer le projet qui a le plus d'allure et qui est le plus attractif pour la ville», a dit M. Schöningh.

Controverse

La vente de la gare Viger et des terrains environnants par la Ville de Montréal pour 9 millions a ressurgi dans l'actualité en janvier. Selon une enquête de La Presse, le maire Gérald Tremblay et Frank Zampino, alors président du comité exécutif, ont demandé à des fonctionnaires de masquer la valeur de l'évaluation municipale - 14,7 millions - avant de présenter le projet de vente au conseil municipal en 2005.

La Ville s'est défendue en disant que l'évaluation ne correspondait pas à la réalité, et que des travaux très coûteux étaient à faire. La chef de l'opposition, Louise Harel, a néanmoins proposé la tenue d'une enquête du vérificateur général.