Les familles à la recherche d'une maison abordable dans l'île de Montréal sont loin d'avoir l'embarras du choix: à peine 89 unifamiliales de moins de 250 000$ étaient en vente en date du 28 février, indiquent les données les plus récentes de Re/Max.

> Suivez Maxime Bergeron sur Twitter

Les maisons individuelles sous la barre des 190 000$, elles, sont rarissimes. Seulement 27 se sont vendues en deçà de ce prix dans toute l'île en février, sur un total de 839 transactions, souligne la firme dans un rapport publié hier. «C'est infime», a commenté Caroline Salette, courtière chez Remax Royal Jordan, qui exploite six agences dans la métropole.

Pour espérer mettre la main sur une demeure à moins de 250 000$, les Montréalais doivent élargir leur horizon géographique... ou sortir le marteau. «Il va falloir que la maison soit vraiment en périphérie de l'île de Montréal, comparativement au noyau ou au centre, a souligné Mme Salette. Si on veut aller au centre, on se retrouve dans des quartiers plus défavorisés, avec des maisons en mauvais état, qui demandent une mise à jour.»

Les rares propriétés à bas prix se retrouvent surtout dans les extrémités de l'île, par exemple Pierrefonds, Rivière-des-Praires et Pointe-aux-Trembles. Il s'agit souvent de petits bungalows de deux ou trois chambres peu rénovés.

Hausse généralisée

Comme partout au Canada, la valeur de revente des résidences a explosé à Montréal depuis 10 ans, rendant de plus en plus inaccessible le rêve des jeunes ménages d'acheter une grande maison en ville. Le prix moyen, tout type de propriété confondue, s'établissait à 354 549$ dans l'île à la fin de février, selon les données de Re/Max. La hausse annuelle frôle les 8,5% depuis 2000.

La Chambre immobilière du Grand Montréal, de son côté, établissait le prix de revente médian des unifamiliales à 340 000$ en février dans l'île.

Selon Re/Max, les coûts de possession pour la propriété montréalaise moyenne (de 354 549$) s'établissent à 1580$ par mois, en tenant compte d'une hypothèque à taux fixe de 3,89% amortie sur 30 ans avec une mise de fonds de 5%. Cela exclut l'impôt foncier, les frais de chauffage et l'assurance-prêt hypothécaire. Le revenu nécessaire à l'achat d'une telle maison est de 59 238$ par année, avance la firme immobilière.

Ce chiffre surprend Sylvie Rousson, courtière hypothécaire chez Multi-Prêts à Saint-Léonard. «Je ne suis pas d'accord: si la personne a un prêt-auto, un prêt étudiant, une carte de crédit, même si ça reflète la moyenne d'un endettement, il se peut que ça n'arrive pas.»

Dans un marché devenu cher comme celui de Montréal, Mme Rousson déconseille à ses clients d'emprunter jusqu'à l'ultime limite de leur capacité.

«Le truc que je leur dis toujours, c'est de faire en sorte que le budget entre dans votre maison, et non pas squeezer à tout prix une maison dans votre budget.»

Confrontés à des prix toujours plus hauts, plusieurs jeunes ménages se tournent vers la copropriété plutôt que l'unifamiliale. Mais encore là, ce type d'habitation est de moins en moins abordable. Sur les 1238 condos vendus en janvier et février dans l'île de Montréal, seulement 285 se sont échangés sous la barre des 190 000$, indique Re/Max.

Ces hausses tous azimuts incitent les premiers acheteurs à soit revoir leur budget à la hausse, soit se diriger vers la banlieue, où les prix sont de 20% à 30% moins élevés qu'en ville. Re/Max souligne la popularité des régions de Vaudreuil-Soulanges, Mascouche, Terrebonne et Repentigny.

Et comment se dessine le printemps, saison la plus occupée pour les courtiers immobiliers? Il s'annonce d'emblée moins agité que celui de 2010, où les surenchères et les offres multiples étaient légion, dit Caroline Salette. «Ça se passe très bien, les ventes continuent. On a un bon rendement, mais c'est plus calme.»

-----------------

FAITS SAILLANTS

> 89 unifamiliales à vendre sous les 250 000$ dans l'île de Montréal*

> 354 549$ : prix moyen, tous types de propriétés confondues, dans l'île

> 290 725$ : prix moyen, tous types de propriétés confondues, dans la région métropolitaine

* En date du 28 février 2011

Source: Re/Max