Après 15 ans d'activité, le complexe Le Tops, aux Galeries Laval, ferme ses portes. L'entrepreneur Tony Accurso a pris cette décision en raison de la vente prochaine du centre commercial au Fonds FTQ, a appris La Presse.

Le complexe du boulevard Le Corbusier, à Laval, comprend notamment la discothèque Le Tops, le Club 1545 et le restaurant Onyx. L'établissement organise une soirée demain 2 avril pour souligner la fermeture, a dit une employée à La Presse.

Selon nos sources, la discothèque Le Tops pourrait revivre dans un autre immeuble (qui n'a pas été précisé), mais elle ne serait plus la propriété de Tony Accurso.

Le Tops a été inauguré en 1995 en présence du maire de Laval, Gilles Vaillancourt. Il était fréquenté depuis quelques années par le monde politique et syndical, en particulier des têtes d'affiche de la FTQ-Construction. L'ADQ y a également tenu une soirée de financement.

En 1998, un ancien chef de la police de Laval a été suspendu pour avoir fait des recherches au Centre de renseignements policiers du Québec à la demande du Tops. Le tenancier et ses gérants voulaient en savoir plus sur des candidats à des emplois.

Tony Accurso est en négociations avec le Fonds FTQ pour lui vendre les Galeries Laval, toujours selon nos sources. Cette transaction d'environ 40 millions de dollars a été précipitée par la demande de remboursement de la Caisse de dépôt et placement du Québec et du Mouvement Desjardins.

La Caisse a une hypothèque de 5 millions de dollars sur le centre, tandis que Desjardins réclame 21 millions à M. Accurso, une créance garantie par le Fonds FTQ. La vente du centre au Fonds FTQ permettrait de rembourser la Caisse et Desjardins.

Le «facteur réputation» de Tony Accurso fait partie des motifs invoqués par la Caisse pour se faire rembourser, nous avait indiqué l'institution en décembre. Les entreprises Construction Louisbourg et Simard-Beaudry, propriétés de M. Accurso, venaient de plaider coupable à des accusations de fraude fiscale.

Négociations tendues

Tony Accurso a confié à l'homme d'affaires Amit Gupta le mandat de vendre le centre, selon nos renseignements. Or, les relations du Fonds FTQ avec M. Gupta sont tendues, nous dit une source bien renseignée.

Amit Gupta a été agent immobilier jusqu'en octobre dernier, moment où son permis a été suspendu. L'homme de 45 ans travaille dans l'industrie depuis plusieurs années. Peu après le début de sa carrière, il a déclaré faillite, en 1993. Son entreprise devait alors 7,7 millions de dollars à Assurance-Vie Desjardins, selon des documents déposés en cour.

Un an auparavant, en 1992, M. Gupta avait été reconnu coupable, dans deux causes distinctes, d'avoir recelé des caisses de tabac et d'avoir proféré des menaces de mort ou de blessures graves contre deux locataires. Ces inculpations lui ont valu une amende et une probation de deux ans.

En 1998, son nom a été associé à une poursuite des Assurances générales des Caisses Desjardins, qui l'accusaient d'avoir «illégalement» servi de prête-nom pour l'obtention d'un prêt de 50 000$. L'affaire s'est réglée à l'amiable.

La Presse a joint l'avocat externe de M. Accurso, Louis Demers. Au sujet de la fermeture du Tops, il a affirmé dans un courriel que la décision est prise depuis six mois dans l'intérêt des Galeries Laval «afin de faire place à un magasin». Le complexe Tops ne payait aucun loyer, nous disent des informateurs.

Quant à M. Gupta, Me Demers affirme qu'il n'est pas le responsable des transactions des Galeries Laval, qu'il agit à titre de «conseiller externe». «M. Accurso n'était pas au courant des informations que vous nous avez transmises sur M. Gupta et n'est pas en mesure de les vérifier ni de les commenter», écrit l'avocat.

Amit Gupta n'a pas rappelé La Presse. Au Fonds FTQ, la porte-parole, Josée Lagacé, n'a pas voulu faire de commentaire.

Par ailleurs, des fournisseurs des Galeries Laval se sont plaints à La Presse cette semaine du fait que le centre tardait à les payer. L'un d'eux, Besam Canada, a même pris une hypothèque judiciaire de 6000$ sur les Galeries Laval.

Joint par La Presse mercredi après-midi, Louis Demers nous a demandé 24 heures pour réagir. Or, quelques heures plus tard, mercredi soir, Besam a reçu un courriel l'avisant du règlement du litige. Et hier matin, un autre fournisseur qui se plaignait d'un retard de 45 jours a été avisé que son chèque venait d'être envoyé par la poste.