Ce n'est pas demain la veille que le pouvoir de négociation tombera dans le camp des acheteurs au moment de choisir une maison, selon la SCHL.

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Dans un rapport diffusé hier, la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) prévoit que le marché immobilier demeurera équilibré ou à l'avantage des vendeurs d'ici la fin de 2012 dans la plupart des régions du pays. Cela contribuera à faire grimper les prix à peu près au même rythme que l'inflation, a indiqué à La Presse Affaires Bob Dugan, économiste en chef à la SCHL.

«Ça va être un marché équilibré en début de période, qui va favoriser légèrement les vendeurs plus tard dans la prévision, a-t-il dit. La demande va être plus forte que l'offre, ce qui va créer une certaine pression à la hausse sur les prix.»

D'après les ratios utilisés par l'industrie, un marché est généralement considéré comme «équilibré» lorsqu'il y a de 8 à 10 propriétés à vendre pour chaque acheteur. En deçà de 8, la rareté favorise les vendeurs en poussant les prix vers le haut. À l'opposé, les consommateurs bénéficient d'un pouvoir de négociation accru au-delà de 11.

Plus tôt cette semaine, l'Association canadienne de l'immeuble (ACI) a indiqué que plus de la moitié des marchés locaux du pays demeuraient à l'équilibre au pays. Les stocks de propriétés à vendre, calculé en mois, est à son plus bas depuis mars dernier, a souligné l'ACI.

Prévisions optimistes

Les prévisions faites hier par la SCHL, plutôt optimistes, viennent s'ajouter à une foule de rapports contradictoires publiés au cours des dernières semaines par divers analystes. Plusieurs prévoient une certaine stagnation de l'activité de revente et des prix au cours des deux prochaines années, tandis que certains économistes, plus tranchés, parlent d'une baisse possible de 25% à 35% de la valeur des maisons.

Selon la SCHL, le prix moyen des propriétés progressera de 2,9% cette année au Canada, à 348 900$, et de 2,7% l'an prochain, à 358 200$. Le nombre de transactions devrait pour sa part reculer d'environ 1% cette année pour rebondir de 4,8% l'an prochain, avec 462 900 unités vendues, avance l'organisme fédéral.

Bob Dugan se défend d'être trop optimiste dans ses prévisions. Il souligne que les hausses du prix prévues d'ici deux ans subissent un «effet de composition» en raison de la vigueur plus forte de certains marchés, comme Vancouver, où le prix moyen a approché les 760 000$ en janvier. Cela vient relever le prix moyen attendu pour l'ensemble du pays.

Au Québec, la SCHL s'attend à un marché en légère progression. Le nombre de transactions devrait grimper de 0,5% cette année et de 3,9% l'an prochain, indique l'organisme. Les prix, eux, devraient progresser de 3,1% cette année et de 2,9% en 2012 pour atteindre 256 100$ en moyenne.

«Le niveau élevé du solde migratoire de la province continuera d'avoir une incidence favorable sur les marchés des logements locatifs et de la revente», a indiqué Kevin Hugues, économiste principal pour le Québec.

La SCHL prévoit des taux d'intérêt «stationnaires» en 2011, qui grimperont légèrement l'an prochain. Les taux affichés pour un terme de cinq ans devraient osciller autour de 5,7% cette année et atteindre 7% en 2012, selon l'organisme. Notons que les banques offrent souvent diverses promotions et des taux plus bas que ceux affichés.

Et qu'en est-il de la construction neuve? La Société prévoit 177 600 mises en chantier cette année au pays (en baisse de 6,5% par rapport à 2010) et 183 800 l'an prochain. Au Québec, les coulées de fondation devraient totaliser 45 700 cette année (-11%) et 44 000 l'an prochain, selon la SCHL.