La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) lance une salve contre ses détracteurs, qui ont été nombreux ces dernières semaines à remettre en question son modèle de fonctionnement.

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Dans une série de missives envoyées hier, l'organisme fédéral tente notamment de contrecarrer les arguments de David Madani, de Capital Economics, un institut de recherche.

Cet économiste a fait les manchettes en prédisant une baisse de 25 à 35% du prix des maisons d'ici trois ans, et une perte de 6 à 10 milliards de dollars pour les contribuables en raison du rôle central joué par la SCHL dans l'assurance des prêts hypothécaires.

Selon M. Madani, les défauts de paiement qui résulteraient d'un recul des prix suffiraient à gruger tout le capital accumulé par la SCHL, une facture qui devrait en fin de compte être acquittée par les Canadiens. Douglas Stewart, vice-président aux politiques et à la planification de la Société, rejette ce scénario d'un revers de main.

«La SCHL maintient des réserves en capital correspondant à près du double du minimum requis par le Bureau du surintendant des institutions financières», affirme-t-il dans une lettre diffusée hier.

M. Stewart soutient que le niveau de capital de la SCHL pour ses activités d'assurance atteignait 8,2 milliards de dollars à la fin de 2009, sans compter la «provision pour primes non acquises» de 6,7 milliards de dollars destinée à couvrir d'éventuels règlements.

Le vice-président souligne aussi que «l'avoir propre foncier moyen» des propriétaires de maisons atteint 45% au pays, et non 10% comme l'avance David Madani. Cela signifie que la valeur des maisons est en moyenne 45% plus élevée que le montant des prêts consentis aux Canadiens qui bénéficient d'une assurance de la SCHL.

Joint hier par La Presse Affaires, M. Madani persiste et signe. Il souligne que le chiffre de 10% concerne les propriétaires qui ont acheté récemment une propriété, aux prix élevés des dernières années. Ce sont eux, et non pas les proprios de longue date, qui sont le plus à risque de tomber en défaut de paiement advenant une baisse des prix - ce qui déstabiliserait les bases de la SCHL.

«Ce n'est pas la moyenne qui compte, mais plutôt les derniers acheteurs arrivés sur le marché, a lancé M. Madani. Clairement, ils ne comprennent pas cela.»

David Madani - dont l'analyse pessimiste a soulevé plusieurs critiques - dit attendre davantage de précisions de la SCHL avant de modifier son point de vue. La réponse reçue hier ne le convainc pas.

Dans un courriel envoyé hier à La Presse Affaires, le porte-parole de la SCHL a tenu à souligner que le taux de prêts hypothécaires en souffrance n'a jamais dépassé plus de 1% au Canada.

Privatisation

Dans une autre lettre, la SCHL tente de démonter les conclusions d'un rapport de l'institut torontois C.D. Howe, qui préconise une privatisation partielle de l'organisme fédéral.

Dans une étude récente, C.D. Howe mettait en lumière le risque «mal défini» imposé aux contribuables du pays, qui pourrait totaliser «plusieurs dizaines de milliards» si le marché immobilier devait subir une dégelée comme aux États-Unis. La valeur des prêts hypothécaires assurés par la SCHL dépasse les 500 milliards - soit environ 30% du produit intérieur brut canadien -, ce qui est beaucoup trop, selon l'institut.

Dans sa courte réplique, la SCHL utilise justement l'exemple des États-Unis pour défendre ses façons de faire. «Les événements récents sur le marché résidentiel américain démontrent en fait que ce modèle pourrait comporter plus de risques et coûter plus cher aux contribuables canadiens que l'approche courante», écrit Douglas Stewart.

La SCHL rappelle en outre que ses activités ont permis de générer des revenus de 12 milliards depuis 10 ans.