Le marché immobilier a eu beau ralentir depuis quelques mois, l'année 2010 aura été la deuxième dans l'histoire de Montréal quant à l'activité, selon les chiffres publiés hier. Et les prix ont poursuivi leur progression.

La chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM) a recensé 42 347 transactions immobilières dans la région métropolitaine l'an dernier, une hausse de 1% par rapport à 2009. Depuis que l'organisme compile ces données, seule l'année 2007 a été plus faste avec 43 609 ventes.

Cette performance est attribuable au fort volume des ventes dans les quatre premiers mois de l'année, estime le président du conseil d'administration de la CIGM, Patrick Juanéda. Plusieurs consommateurs ont devancé leur achat parce qu'ils s'attendaient à une hausse des taux hypothécaires.

«Si l'on se remet dans le contexte, les gens prévoyaient que les taux d'intérêt allaient augmenter et qu'on allait se retrouver avec des taux hypothécaires de 5%, 6% ou 7%, souligne M. Juanéda. Ceux qui voulaient acheter se sont bousculés pour le faire avant la hausse.»

Le marché s'est contracté par la suite: le volume de ventes a baissé mois après mois de mai à décembre. Au final, les ventes de maisons unifamiliales et de «plex» de deux à cinq logements ont régressé en 2010. C'est la forte progression des ventes de copropriétés qui a poussé les statistiques globales à la hausse.

Selon Patrick Juanéda, c'est essentiellement à cause de leur prix que les condos ont trouvé plus de preneurs.

«L'accessibilité pour les gens qui veulent s'établir dans la grande région de Montréal, ça reste le facteur numéro un», a-t-il souligné.

Les prix grimpent

C'est qu'il coûte de plus en plus cher pour devenir propriétaire dans la région métropolitaine. La valeur médiane des copropriétés a augmenté de 8% pour s'établir à 210 000$. Celle des maisons unifamiliales a crû de 7%, pour atteindre 252 000$. Quant aux immeubles à logements, ils se sont appréciés de 9%, à 380 000$.

Le courtier Patrice Groleau, propriétaire de l'agence McGill immobilier, estime que la baisse des ventes observée en fin d'année tient moins à la réduction du nombre d'acheteurs qu'à celle du stock de maisons offertes sur le marché.

«Il y avait autant d'acheteurs qui cherchaient des produits très précis, et ils ne les trouvaient pas, explique-t-il. Donc les statistiques ne s'expliquent pas parce que les acheteurs n'étaient pas présents. C'était parce qu'ils n'ont pas trouvé ce qu'ils voulaient.»

M. Groleau, qui se spécialise dans la vente de projets d'immeubles en copropriété, ne s'en formalise pas. Il a grandement profité de la hausse des ventes de copropriétés, et n'a observé aucune baisse de cadence dans les derniers mois de l'année.

«Lorsqu'on achète sur plan, on a toujours la capacité de modifier les plans, souligne le courtier. Les gens qui n'ont pas trouvé ce qu'ils cherchaient dans la revente sont venus le créer de toutes pièces dans des projets neufs.»

Et 2011?

Les économistes conviennent que l'envolée observée dans le secteur immobilier au cours des dernières années est terminée. Ils prévoient que les prix stagneront au Canada en 2011. Mais Patrick Juanéda est loin d'en être certain.

Il fait valoir qu'une maison à vendre met en moyenne moins de six mois avant de trouver preneur à Montréal, signe que beaucoup d'acheteurs continuent de convoiter des propriétés.

«Ce qui est bon pour 2010 le sera sûrement pour 2011, dit-il. Tant qu'il y aura beaucoup d'acheteurs, le stock qui est là et qui répond à une certaine demande va faire en sorte que, s'il n'y a pas assez de propriétés à offrir, l'acheteur va toujours payer de plus en plus cher.»