Bank of America a annoncé vendredi qu'elle suspendait les saisies immobilières dans les 50 États américains et la capitale Washington, le temps d'étudier tous les dossiers en cours pour vérifier leur exactitude, alors que se multiplient les informations sur des irrégularités.

«Bank of America a étendu l'examen des dossiers de saisie à tous les 50 États. Nous cesserons les ventes sur saisie jusqu'à ce que cet examen soit bien terminé», a indiqué un porte-parole, Dan Frahm, dans un communiqué.

Mais M. Frahm a précisé que pour le moment, «les examens en cours montrent que les fondements des décisions passées sur les saisies sont exacts».

La semaine dernière, Bank of America, la plus grande banque du pays par les actifs, avait annoncé la suspension dans 23 États américains de saisies immobilières en cours, sans en préciser le nombre, pour s'assurer qu'elles ont suivi «des procédures correctes».

Cela signifie que les propriétaires en défaut de paiement ne sont plus en risque immédiat de voir leur maison mise aux enchères.

La banque JPMorgan Chase a elle aussi reconnu que, dans certains cas, des employés de ses activités de saisies «pourraient avoir signé des déclarations sur des documents liés à des prêts sur la foi d'examen réalisés par d'autres employés, sans vérifier personnellement ces dossiers».

Ally Bank, nouveau nom de GMAC, ancienne filiale de General Motors s'étant diversifiée dans l'immobilier, avait été la première à reconnaître le mois dernier des «erreurs de procédure» dans la signature de déclarations requises pour certaines saisies, et le fait que ces documents avaient parfois été signés «sans connaissance personnelle du dossier».

Dans une Amérique encore frappée par la plus dure crise économique depuis les années 30, l'idée que des saisies de maisons, voire des expulsions, aient pu être menées alors que des dossiers n'avaient pas été vérifiés correctement fait scandale.

L'affaire ne cesse de prendre de l'ampleur: une filiale de prêts hypothécaires de la banque américaine Citigroup a été renvoyée devant les tribunaux par une Cour d'appel pour n'avoir pas été en mesure de produire toutes les pièces nécessaires à une saisie immobilière, et les autorités de plusieurs Etats (Texas, Ohio...) s'efforcent de suspendre des procédures irrégulières.

À Washington, plusieurs élus ont demandé que la justice fédérale se saisisse du dossier.

Le président de la commission des affaires bancaires du Sénat Chris Dodd a annoncé qu'une audition aurait lieu au Sénat le 16 novembre pour éclaircir les affaires de saisies irrégulières.

Le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid a salué l'initiative annoncée par Bank of America vendredi, et écrit à ses principales concurrentes, Ally, JPMorgan Chase et Wells Fargo, pour leur demander de l'imiter.

La suspension des saisies «est une bonne nouvelle dans ce qui est une période difficile pour de nombreuses familles du Nevada (ndlr: l'un des États les plus touchés par la crise des prêts hypothécaires «subprime») faisant face à une procédure de saisie ou risquant de perdre leur maison», a souligné M. Reid, élu de cet État.

Wells Fargo, devenu avec l'acquisition de la banque Wachovia l'un des tout premiers créanciers dans l'immobilier américain, n'a pas jusqu'à présent fait part de problèmes avec ses procédures de saisie.

L'action Bank of America gagnait cédait 0,83% à 13,20 dollars vers 14h30 à la Bourse de New York.