Peu de projets en construction, des locataires hésitant à s'engager à long terme, des propriétaires réticents à négocier les loyers: le marché immobilier industriel montréalais traverse une période de flottement depuis la fin de la récession.

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C'est ce qui ressort d'une étude qui sera publiée sous peu par Jones Lang LaSalle, obtenue par La Presse Affaires. Le segment des espaces industriels - notamment les usines et les entrepôts - n'est «ni en panique ni en récession», mais plutôt il est frappé par un certain attentisme, selon la firme spécialisée.

«Tout le monde est dans une attitude de wait and see, pour voir comment l'économie va remonter, a fait valoir John Rosato, administrateur délégué de Jones Lang LaSalle, pendant un entretien. Les baux qui se signent sont à très court terme.»

Ainsi, les entreprises à la recherche d'un local industriel sont nombreuses à s'engager pour des échéances de trois ans plutôt que les traditionnels baux de 5 à 10 ans, a souligné M. Rosato. Les locataires cherchent les aubaines - ou espèrent en trouver à court terme.

«On a un pied sur le frein et un pied sur le gaz», dit pour sa part Jean Laurin, président et chef de la direction de Devencore, une autre firme spécialisée dans l'immobilier industriel et commercial.

Les entreprises, surtout dans le secteur manufacturier, continuent d'être affectées par la vigueur soutenue du dollar canadien et la faiblesse de la consommation aux États-Unis. En conséquence, elles repoussent leurs projets d'expansion ou leur déménagement dans de nouveaux locaux le plus longtemps possible.

«La chose qui semble se produire encore, c'est que ceux qui peuvent retarder une décision, souvent, le font», a dit Jean Laurin.

«Mais on ne peut pas retarder ça éternellement, et je dirais que quand les gens sont poussés au pied du mur, on dirait que l'attitude à long terme est encore positive», a-t-il ajouté.

L'inoccupation en baisse

Selon la firme CBRE, le taux d'inoccupation des locaux industriels a légèrement baissé (de 40 points de base) dans le Grand Montréal au deuxième trimestre, à 10%. Tous les secteurs ont enregistré une amélioration, à l'exception de l'Ouest-de-l'Île.

Jones Lang LaSalle estime plutôt le taux de vacance à 8,7%, en baisse de 80 points de base. Un écart attribué à une «méthodologie différente».

Le prix des loyers a en parallèle un peu reculé, selon les calculs de CBRE. Les taux de location moyens demandés se sont ainsi établis à 5,17$ le pied carré, comparativement à 5,36$ à la fin de 2009, estime la firme spécialisée. Il n'y a qu'à Laval où les loyers ont progressé d'un maigre 1,1%.

CBRE se montre confiante dans le marché montréalais. Les taux d'absorption des locaux industriels pendant la première moitié de cette année sont «les plus prometteurs» depuis la fin de 2008, a souligné l'agence dans un rapport publié récemment.

Les immeubles industriels montréalais continuent d'ailleurs à susciter la convoitise des investisseurs étrangers, a fait valoir Brett Miller, vice-président exécutif de CBRE pour l'est du Canada.

«Il y a toujours une forte demande de la part des investisseurs, notamment des fonds de retraite de l'Ontario, surtout pour les immeubles récents avec des locataires de longue durée, a souligné M. Miller. Les anciens immeubles des années 60 et 70 ne trouvent pas beaucoup preneur.»

Les bâtisses industrielles récentes - et offertes sur le marché - sont cependant rares à Montréal, indique CBRE. La firme a comptabilisé quatre transactions majeures depuis février dernier, dont la vente d'une bâtisse de 332 000 pieds carrés à Laval pour 29,2 millions de dollars et d'une autre de 364 000 pieds carrés à Anjou pour 23,3 millions.