Les producteurs canadiens de bois d'oeuvre sont préoccupés par la faiblesse du marché immobilier aux États-Unis et de son possible impact sur la reprise de la demande pour les matériaux utilisés dans la construction de maisons.

«AbitibiBowater s'inquiète de ces chiffres», a affirmé mercredi le porte-parole de l'entreprise, Pierre Choquette, évoquant les plus récentes données faisant état d'une baisse de 10% des mises en chantier, sous la barre des 600 000 par année.

AbitibiBowater, qui vend du bois d'oeuvre en plus de son papier journal, craint que la récente chute des mises en chantier signale que les hausses de prix et de la demande observées au deuxième trimestre ne soient attribuables qu'à la faiblesse des stocks, a indiqué M. Choquette.

Le portrait du marché américain de l'habitation en a pris pour son rhume ces derniers jours.

Le département du Commerce a indiqué mercredi que les ventes de nouvelles maisons avaient chuté de 12,4% le mois dernier, pour afficher son plus faible niveau d'activité en près de 50 ans. Plusieurs observateurs y ont vu un nouveau signe de l'essoufflement de la reprise économique.

L'association nationale des agents immobiliers des États-Unis avait pour sa part indiqué, la veille, que les reventes de maisons avaient reculé de 27% en juillet, réalisant leur plus faible performance en 15 ans.

Prises ensemble, ces données pourraient signaler que la reprise pour le secteur canadien du bois d'oeuvre - qu'on prévoyait déjà lente - sera remise à plus tard.

Il était déjà attendu que l'expiration d'un crédit d'impôts américain pour l'achat de maisons nuise à la reprise. Mais le ralentissement de la croissance économique, l'anémie de la création d'emplois, les forclusions et le resserrement des conditions du crédit exercent toujours une pression sur le marché immobilier, a expliqué Paul Quinn, de RBC Marché des capitaux.

Des observateurs de l'industrie avaient prédit que les mises en chantier augmenteraient cette année de 20%, à 645 000 unités, puis de 885 000 en 2011.

«2011 semble vouloir être une répétition de 2010, en un peu mieux, alors nous verrons probablement la même instabilité en ce qui concerne les prix du bois d'oeuvre, du contreplaqué et des panneaux OSB», a-t-il écrit dans un courriel.

West Fraser Timber [[|ticker sym='T.WFT'|]] a récemment dit s'attendre à ce que la faiblesse des mises en chantier aux États-Unis fasse chuter les prix du bois d'oeuvre pendant la deuxième moitié de l'année. Le producteur a cependant noté que les mises en chantier au Canada assureraient vraisemblablement un niveau de demande «raisonnable» pour le contreplaqué.

Toutefois, le Conference Bord du Canada a affirmé mercredi que la construction domiciliaire devrait également ralentir au pays durant la deuxième moitié de l'année, en raison de la baisse de l'accessibilité à la propriété immobilière.

«La plupart des coûts associés à la propriété, comme les frais hypothécaires et les assurances, dépassent l'inflation et la croissance des revenus. En conséquence, l'accessibilité à la propriété immobilière au Canada, qui diminue depuis une décennie, va continuer de chuter durant les deux prochaines années», a observé le directeur adjoint chez Industrial Economic Trends, Michael Burt.