De nombreux imprévus ont fait bondir les coûts de transformation du Ritz-Carlton à 150 millions de dollars, a appris La Presse Affaires.

La rénovation complète de l'hôtel de la rue Sherbrooke, qui inclut l'ajout de 46 appartements de luxe, devait au départ coûter entre 110 et 120 millions. Mais l'ampleur des travaux a fait gonfler la facture et causé des retards de plus d'un an au projet.

Andrew Torriani, président-directeur général de l'établissement mythique, ne semble pas le moins du monde dépité. Car si les coûts seront plus importants que prévu, le produit fini sera d'une qualité encore plus haute que dans les plans d'origine, a-t-il fait valoir hier.

«On a profité de cette situation pour optimiser les plans», a dit M. Torriani pendant une visite du chantier.

Au départ, les proprios du Ritz prévoyaient simplement rénover les chambres et agrandir les salles de bains en gardant la plupart des divisions intactes. Les ouvriers ont toutefois découvert de nombreux problèmes avec la plomberie et l'électricité, si bien que l'intérieur des neuf étages a été complètement rasé.

L'intérieur de l'hôtel ressemble aujourd'hui à une immense carcasse vide de béton et d'acier, où s'activent des dizaines de travailleurs. La reconstruction des chambres pourra bientôt commencer maintenant que le «nettoyage» est fait.

Andrew Torriani prévoit une réouverture de l'hôtel 5 étoiles entre avril et juin de l'année prochaine, avec 130 chambres et suites plutôt que 229 dans l'ancienne configuration. Le design intérieur sera plus contemporain, mais de nombreux détails architecturaux de l'immeuble bâti en 1912 ont été conservés.

30% vendus

La construction des appartements de luxe commencera pour sa part ce printemps. Les premiers occupants devraient s'installer d'ici 18 à 20 mois, affirme M. Torriani. La majeure partie des résidences seront logées dans une nouvelle section vitrée qui formera un «L» sur une façade et le toit du Ritz.

Un peu plus de 30% des 46 condos - de loin les plus chers jamais vendus à Montréal - ont trouvé preneur. Ces chiffres de vente semblent peu élevés, mais Andrew Torriani se montre satisfait étant donné que le projet a été lancé quelques mois avant l'éclatement de la crise économique mondiale.

Le PDG reconnaît tout de même que la construction des résidences a été remise en question au début de 2009. «Entre janvier et avril, on s'est demandé quoi faire»,

a-t-il confié.

Les propriétaires du Ritz-Carlton ont finalement mandaté la firme Sotheby's pour prendre les ventes en main au printemps dernier, et 12 appartements ont trouvé preneur pendant la dernière partie de 2009. Les ventes seraient encore sur un élan. «Il y a environ 10 clients sérieux qui entrent chaque jour, c'est extraordinaire», a affirmé M Torriani.

Les condominiums se sont vendus à un prix moyen de 4 millions de dollars - plus de 1000 $ le pied carré -, indique Liza Kaufman, courtière chez Sotheby's. C'est aussi cher qu'à Manhattan, où le prix moyen atteignait 1051 $ le pied carré au dernier trimestre de 2009. Du jamais vu à Montréal.

L'unité la plus luxueuse, un penthouse vitré de 7000 pieds carrés doté d'immenses terrasses, est en vente pour environ 12 millions ! Plusieurs personnes s'y seraient intéressées, incluant des Québécois et des gens d'outremer, affirment les promoteurs. La moitié des acheteurs des appartements déjà vendus viennent du Québec.

Incertitude

Quoi qu'il en soit, Liza Kaufman croit qu'il est important que les acheteurs potentiels sachent que le projet va bel et bien de l'avant. «Il y avait un degré d'incertitude en ville. On a délibérément fait la démolition discrètement jusqu'à maintenant, sans toucher la façade ou déranger le périmètre de l'hôtel. Beaucoup de gens auraient été plus conscients de ce qu'on faisait s'il y avait eu des conteneurs à déchets en bas.»

Le Ritz-Carlton a été racheté en 2006 par un consortium formé du Groupe financier Mirelis, du Groupe Torriani et du Groupe Rolaco. L'hôtel surnommé la «Grande dame de la rue Sherbrooke» avait grand besoin de rénovations, reconnaît son président. «C'était dû : le bâtiment n'avait pas eu de changement depuis 1991», a dit Andrew Torriani.

Les rénovations extérieures promettent d'être discrètes. À l'exception de nouvelles fenêtres, la façade sera conservée telle quelle.

La nouvelle partie vitrée sera quant à elle légèrement en retrait et peu visible de la rue Sherbrooke.