Montréal recevra au cours des prochains mois «entre six et huit» investisseurs de trois pays intéressés à placer des billes dans son secteur immobilier.

C'est ce qu'a affirmé Richard Deschamps, responsable du développement économique, des infrastructures et de la voirie à la Ville de Montréal, pendant un entretien avec La Presse Affaires. Il participait la semaine dernière au plus important congrès immobilier de la planète, à Cannes.

«Ça ne veut pas dire qu'ils vont tous venir investir, mais ça veut dire qu'on a été capables de susciter leur intérêt et qu'il y a du potentiel pour eux», a-t-il dit.

Richard Deschamps dirigeait pour la troisième année la délégation montréalaise au Marché international des professionnels de l'immobilier (MIPIM), qui se déroulait du 16 au 19 mars. Des représentants du Quartier des spectacles, d'Aéroports de Montréal et du Quartier de la santé l'accompagnaient notamment, en plus d'entrepreneurs privés montréalais.

Il affirme que l'intérêt pour la métropole québécoise et ses «grands projets» a été plus grand que jamais cette année. «C'est le MIPIM pour lequel j'ai été le plus occupé, j'avais des rencontres aux heures.»

Parmi les principaux secteurs d'intérêt pour d'éventuels investisseurs étrangers, Richard Deschamps identifie les environs du Quartier des spectacles, en plein réaménagement, les abords de l'autoroute Bonaventure, dont un tronçon doit être transformé en boulevard, de même que le Quartier de la santé autour du futur CHUM.

Le projet du mégahôpital, tout comme celui de la transformation de la rue Notre-Dame et de nombreux autres, est toutefois à l'arrêt. Une stagnation qui ne nuit pas à l'image de Montréal à l'étranger, croit Richard Deschamps. En fait, seuls quelques investisseurs canadiens lui ont fait des remarques quant à cette problématique pendant son passage à Cannes, affirme-t-il.

Le responsable du développement économique se montre confiant. «Au cours des 12 à 18 prochains mois, il y a des projets qui vont partir à Montréal et la perception va changer.»

Tours à bureaux

Les investisseurs attendus à Montréal pour «approfondir la discussion» proviennent d'Israël, des États-Unis et du Canada, a indiqué Richard Deschamps sans les nommer. Certains sont spécialisés dans l'immobilier commercial, mais pas tous.

Chose certaine, le besoin de nouveaux espaces à bureaux est loin d'être criant à l'heure actuelle selon les données de la firme immobilière CB Richard Ellis. Le taux de vacance atteint 10,7% dans la région métropolitaine et 9% au centre-ville, comparativement à 5,7% à la fin de 2008. La brève récession a fait mal.

L'intérêt se trouve davantage dans les édifices existants, explique Brett Miller, vice-président exécutif de CBRE pour l'Est du Canada. «Depuis plusieurs années, il y a un fort intérêt des investisseurs étrangers à Montréal, dont beaucoup de fonds allemands.»

Il cite les exemples de la Cité du commerce électronique et de l'immeuble du Groupe Pages Jaunes, à L'Île-des-Soeurs, acquis par des capitaux allemands ces dernières années. De nombreux fonds de retraite anglo-canadiens et américains, de même que des Saoudiens, sont aussi actifs sur le marché local, précise-t-il.

Il faudra que le taux de vacance - et surtout le prix des loyers - augmentent avant que de nouvelles tours à bureaux poussent au centre-ville, indique Brett Miller. «Pour le justifier, ça prendrait un revenu net supérieur à 25$ le pied carré, alors que le marché est environ à 20$ dans les meilleurs édifices.»

Par ailleurs, des projets d'hôtels sont toujours sur la glace à Montréal. Le plus important, soit la conversion de l'ancienne gare Viger en complexe hôtelier et résidentiel de luxe par Homburg au coût de 400 millions, ne donne toujours aucun signe de vie.

Richard Deschamps, de la Ville de Montréal, est malgré tout persuadé que plusieurs éléments militent en faveur de nouveaux investissements dans la métropole. Au premier chef, l'assouplissement du marché mondial du crédit.

«Ce dont je parle aux gens, c'est du potentiel immense que Montréal recèle. Les gens qui sont dans le domaine de l'immobilier évaluent ça en terme de retour sur l'investissement, en terme de pieds carrés à développer, du genre de baux que nous pouvons offrir, etc. On a à les renseigner là-dessus.»

Des études indépendantes pointent vers une reprise de l'immobilier commercial. Selon un rapport de la firme Chushan & Wakefield, relayé par l'AFP, les investissements devraient grimper de 30% cette année dans les 56 principaux pays du globe, à 479 milliards US. Ils avaient plongé de 23% sur un an au pire de la crise.