Si les aubaines semblent trop alléchantes, il faut se méfier. Certains prix affichés sur les publicités des agents immobiliers sont si bas qu'on se demande si on n'est pas en 1950!

«Au départ, nous a confié Roger Cohen, qui a passé le web au peigne fin, je trouvais des propriétés en vente à moins de 60 000$. Je pensais acheter à ce prix, et même moins, mais ça n'a pas fonctionné.»

«Ces chiffres sont trompeurs, prévient Mariette Miller, agent immobilier de Canada Realty. Ils n'indiquent pas nécessairement le prix réel. Ce sont des valeurs de base soumises à la surenchère, soit dans des short sales (ventes rapides) ou dans des foreclosures (saisies).»

Les sites RealtyTrac.com et Foreclosure.com regroupent les propriétés saisies par la banque ou par le shériff. En février, environ 297 300 propriétés avaient connu ce sort dans l'ensemble de l'État, toutes appartenant à des propriétaires qui n'arrivaient plus à payer leur hypothèque. En 2007, on en répertoriait 30 000!

Ces propriétés ont été abandonnées par des propriétaires malheureux qui ne pouvaient plus payer. Certaines sont dans un piteux état. «On en a visité une dont l'appareil d'air climatisé s'était effondré, se souvient Sylvie Carrier, de Pierrefonds. Il y a avait de la moisissure partout. C'était un joli condo valant 100 000$ environ, en vente à 70 000$. Je n'aurais pas donné 1000$!»

Mais les aubaines existent. Les acheteurs qui ont l'habitude des grands travaux ne se laissent pas décourager par des moquettes défraîchies ou des salles de bains de 35 ans. Jean-Luc Poulin et Céline Corriveau ont acheté en décembre un condo de 1100 pieds carrés à Pompano Beach. Ils ont payé 60 000$ pour une propriété qui s'était vendue 130 000$ en 2007. Dans leur cas, la transaction s'est effectuée en quelques jours, ce qui est rare pour une short sale. «Ça ne nous dérange pas de rénover, dit Mme Corriveau. Même si on ajoute 20 000$ en rénos, c'est encore une aubaine!» Il leur a tout de même fallu consacrer plusieurs heures à remplir des formulaires, amasser une paperasse élaborée et transiger avec un tiers mandaté par la banque. «Pas très organisé!» a confié le couple.

Aussi, prévient Phil Cogan, agent de Coldwell Banker, il faut bien lire les états financiers de l'association des propriétaires avant d'acheter. «Y a-t-il des comptes à recevoir? Des reprises hypothécaires? S'il y en a trop, qui paiera les frais d'opération?» Des centaines d'associations ont fait faillite en Floride parce que le nombre de mauvais payeurs était trop élevé pour la capacité de payer de l'association.