La crise financière, qui a entraîné la déconfiture du marché immobilier américain, a frappé la Floride comme un ouragan. Chute des prix de 20 à 40%, saisies multiples, forte hausse du nombre de propriétés à vendre... Or, le beau temps revient peu à peu et les Québécois veulent profiter des aubaines au soleil. Mais attention de bien s'informer avant de se mouiller.

Faites le test. Demandez à votre entourage si quelqu'un connaît quelqu'un qui a) songe à acheter une propriété en Floride, b) achètera sous peu, c) a acheté. Gageons qu'au moins une main se lèvera. La Floride est hot en ce moment.Prenez le cas des Lavoie de Montréal. La famille (père, mère, deux ados) était sur la côte ouest début mars pour dénicher LA propriété qui leur permettra de passer les 15, 20 prochaines années à pratiquer leurs activités préférées: la pêche, les sports nautiques, le golf... Au soleil et au chaud. «Et à trois heures de vol.»

Le couple de professionnels a fait de multiples voyages avec leurs enfants de 13 et 15 ans. L'Europe, l'Amérique du Nord, l'Afrique. Ils cherchent maintenant la stabilité.

La vigueur de la devise canadienne, les faibles taux d'intérêt et les bas prix des propriétés ont fait devancer leur projet de rêve, comme ils le décrivent. «On aurait acheté dans cinq ou six ans, mais les planètes étaient alignées pour les acheteurs sérieux comme nous. On a donc sauté.»

Le cas des Lavoie est loin d'être unique. Dans le cadre de cette recherche, nous avons rencontré des dizaines de familles qui ont acheté ou qui s'apprêtent à le faire. Moyenne d'âge: 45 à 60 ans. Que ce soit pour des raisons familiales (pour perpétuer des traditions), de santé (pour en finir avec l'hiver) ou financières (pour investir), les Québécois aiment la Floride. Et la Floride les aime.

Car si on peu acheter sans trop de mal ailleurs, c'est plutôt facile dans le Sunshine State. On trouve facilement des agents immobiliers, souvent d'ex-Québécois, qui connaissent les règles des deux côtés de la frontière. En plus, des institutions bancaires canadiennes détiennent des chartes américaines, ce qui simplifie les transactions.

Mais qu'en est-il du prix des maisons?

Il y a deux ans, La Presse avait dépêché Stéphanie Grammond afin d'évaluer le marché pour d'éventuels acheteurs. La bulle immobilière venait d'éclater et les prix avaient commencé à baisser.

Depuis, ils ont dégringolé. En une seule année, celui des condos en Floride a baissé en moyenne de 20%. Des propriétés ont perdu entre 25 et 30% de leur valeur de 2007-2008. Dans certaines régions, comme Fort Myers-Cape Coral, sur la côte ouest, c'est 40% et plus. À Sarasota, des maisons vendues 247 000$ en 2005 sont maintenant évaluées à 97 000$ par la municipalité.

Des exemples?

Une propriété luxueuse, neuve, de West Palm Beach, en vente depuis deux ans. Prix demandé: 3,4 millions. Prix révisé: 1,9 million. Prix vendu: un peu plus d'un million.

Un condominium dans un immeuble prestigieux de Pompano Beach, au bord de l'Intracoastal Waterway. Prix payé en 2007:340 000$. Prix révisé: 195 000$. Le propriétaire a finalement accepté 160 000$.

Un joli condominium en vente pendant 907 jours à Fort Lauderdale vient de trouver un acheteur. Prix demandé: 165 000$. Prix de vente: 95 500$, et meublé par-dessus le marché!

Peu importe où on cherche en Floride, les propriétés à vendre se comptent par milliers. Dans la seule ville de Tampa, sur la côte ouest, il y avait, début mars, 1848 propriétés sur le marché inscrites au registre des agents. Prix demandés entre 90 000$ et 200 000$, chacune avec au moins deux chambres et deux salles de bains. Cela représente entre 100 et 125$ le pied carré, en baisse de 160 à 180$ le pied carré en 2006.

Ces bas prix tiendront-ils? Impossible de prévoir. Mais le marché reprend, affirment en choeur les agents immobiliers. Après 24 mois de stagnation, ils se disent enfin occupés. Débordés même, assure Mariette Miller, fondatrice de Canada Realty à Pompano Beach. «Depuis l'automne, le téléphone ne dérougit pas.» Phil Cogan, de Coldwell Banker, opine. «Les clients, vendeurs et acheteurs, se manifestent davantage. Je n'ai jamais été aussi occupé que ces derniers mois», estime M. Cogan qui vend de l'immobilier dans le sud-est de l'état.

Comment trouver?

Si on peut dénicher LE petit bijou par l'entremise de connaissances, la Toile est d'excellent conseil. Mais il faut être patient et persévérant: les sites abondent.

Il faut d'abord choisir le secteur, puis consulter le site Multiple Listing Service (MLS.com) qui comprend toutes les inscriptions des agents immobiliers. Contrairement au Canada, quand on trouve le bon filon, c'est l'Eldorado! En plus des informations d'usage sur la propriété, on peut facilement découvrir les prix des propriétés vendues des voisins, les noms des derniers propriétaires, le prix qu'ils ont payé, l'évaluation municipale, le taux de criminalité et le taux de réussite des écoles du quartier!

Selon Roger Cohen, de Laval, qui a mis des centaines d'heures à fouiller le Web avant de dénicher son condo à Pompano Beach, cette méthode n'est pas d'une grande utilité même si elle permet de se faire une meilleure idée du marché. «Nous avons soumis à notre agent 250 propriétés à vendre que nous avions répertoriées. Elle les a toutes rejetées! Elle ne voulait pas de reprises de finance ni de short sale. Elle nous a montré une soixantaine de condos que nous n'avions pas considérés. C'est parmi eux que nous avons choisi le nôtre.»

Les agents immobiliers

Toutefois, en cliquant sur une propriété inscrite au MLS, on est généralement redirigé vers l'agent inscripteur qui n'affiche aucun détail à moins de lui écrire et de lui fournir ses coordonnées. Qu'à cela ne tienne, vous n'avez à continuer à transiger avec cet agent que s'il vous fait visiter la propriété.

On peut aussi faire une recherche du genre «Maison à vendre en Floride» où plusieurs vendeurs s'affichent, souvent en français.

D'autres ont été prises en main par des agences pour la revente. Les pièces ont été refaites (souvent avec des cuisines en bois et en granite), les tapis ont fait place aux planchers en bois et des meubles neufs ont été installés par des home stagers. Elles sont plus chères mais arrivent en bon état.

On a des locataires!

La plupart des snowbirds qui ne prévoient pas passer plusieurs mois dans leur nouvelle propriété désirent la louer. Sachez que les associations de propriétaires ont des règlements stricts qu'elles appliquent souvent à la lettre. Certaines ne permettent la location qu'après un an, d'autres, seulement aux membres de la famille immédiate. Tout comme les acheteurs de condos, les locataires doivent montrer patte blanche et se soumettre à une enquête.

Le propriétaire devra aussi s'inscrire auprès du Internal Revenu Service (IRS) et déclarer ses revenus et dépenses de location.