Les agents immobiliers font de bonnes affaires ces jours-ci, à Montréal du moins. Et cela devrait continuer quelques mois encore.

Cette semaine, un client potentiel désirait visiter le lendemain une maison nouvellement mise en vente et repérée par son agent. Surprise et déception! Elle avait déjà fait l'objet de sept visites et de deux promesses d'achat.

«Il y a pas mal de maisons à vendre, mais elles sortent très vite, reconnaît Brigitte Josserand, associée chez Optimum courtier immobilier agréé. Après les scandales dans le placement, les gens se disent que la pierre est toujours un investissement sûr.»

En janvier, le nombre de transactions sur le marché de la revente a progressé de 1% au Québec. À l'échelle canadienne, il a reculé pour la première fois en six mois, de 2,8%, selon les données de l'Association canadienne de l'immeuble (ACI).

Selon Mme Josserand, dont la pratique remonte à 1997, l'activité est au moins aussi forte que durant l'effervescence de 2007 et de 2008.

En fait, les 7742 transactions réalisées (en données désaisonnalisées) le mois dernier représentent un sommet absolu au Québec, indique l'ACI.

Cela ne veut pas dire pour autant que le marché soit entré dans une bulle, du moins au Québec. D'un océan à l'autre, le prix moyen d'une propriété s'élevait 328 537$, un sommet qui reflète une hausse annuelle de 19,6%. Cette variation énorme fait cependant un peu mirage. Janvier 2009 représente le creux de la correction amorcée à l'ouest du Québec durant l'automne 2008. Les prix étaient revenus à leur niveau de 2006.

Le Québec n'a jamais connu d'aussi forte correction, car l'appréciation du prix moyen y a été beaucoup plus modérée. Il s'élevait en janvier à 236 424$, ce qui représente une augmentation de 9,8% par rapport au prix de janvier 2009.

Le nombre de nouveaux mandats a augmenté de 1,2% à hauteur de 13 390, ce qui laisse croire que le marché reste encore favorable aux vendeurs.

Dans le segment des immeubles locatifs d'appartements, l'activité reste prometteuse, selon CB Richard Ellis (CBRE), numéro un mondial des services immobiliers.

En 2009, il s'est réalisé à Montréal 191 transactions d'immeubles au prix minimum de 1 million de dollars pour une valeur totale de 562 millions. Il s'agit d'un recul de 26% par rapport à 2008, le sommet de la décennie. Cette performance en récession reste remarquable, selon Germain Villeneuve, premier vice-président de CBRE. Les transactions dans les immeubles de bureaux ont reculé de 80%, celles dans l'immobilier industriel de 47%.

La reprise des affaires devrait être solide, car le potentiel d'augmentation des loyers est grand et le taux d'inoccupation reste stable.

À l'échelle canadienne, un retour à l'équilibre est perceptible dans le marché résidentiel. Les nouveaux mandats sont en hausse de 3,4% sur décembre.

Importantes différences provinciales

Ce chiffre camoufle toutefois d'importantes différences provinciales. Ainsi, le nombre de pancartes «À vendre» a bondi de 31,2% en Colombie-Britannique et est devenu pratiquement aussi élevé qu'au Québec malgré une population beaucoup moindre (7,85 millions comparativement à 4,48).

Les nouveaux mandats reflètent peut-être aussi le désir de certains propriétaires de profiter des conditions exceptionnellement favorables du marché pour quelques mois tout au plus encore.

Dès le 19 avril entreront en vigueur les resserrements annoncés mardi par le ministre des Finances, Jim Flaherty, pour attiédir un marché jugé en surchauffe. Pour obtenir la garantie de son prêt par la Société canadienne d'hypothèques et de logement, un emprunteur devra être en mesure de faire face à des mensualités basées sur les taux hypothécaires de cinq ans en vigueur. Il devra en outre avancer 25% du prix de vente s'il n'entend pas occuper sa nouvelle propriété.

Le 1er juillet, l'Ontario et la Colombie-Britannique frapperont les transactions de leur nouvelle taxe de vente harmonisée.

Enfin, tout le monde s'attend à une hausse des taux d'intérêt, au plus tard au deuxième semestre.

Le marcher immobilier brillera donc de ses derniers feux d'ici au printemps, avant de s'attiédir... à temps.