Le marché immobilier a connu un rebond davantage marqué et rapide que tout autre secteur de l'économie canadienne, en grande partie grâce à des taux d'intérêt hypothécaires attrayants.

Mais des taux si bas - 5,59 % pour un prêt hypothécaire à taux fixe avec un terme de cinq ans, et 2,25 % pour un terme identique à taux variable - ne pourront durer sempiternellement, et des experts avertissent les emprunteurs de se préparer à des taux plus élevés d'ici les 12 prochains mois.

Selon Benjamin Tal, économiste à la CIBC, les taux d'intérêt actuellement en vigueur sont exceptionnels.

«Les taux d'intérêt augmenteront, il s'agit d'une question de temps, et non pas de savoir (s'ils augmenteront), a-t-il affirmé. Et si c'est le cas, il faut s'assurer qu'on puisse, lorsqu'on emprunte de l'argent, se permettre le même prêt hypothécaire à un taux plus élevé de 200 ou 300 points de base. Voilà la responsabilité clé en ce moment pour les emprunteurs et les prêteurs, de s'assurer que ce soit fait de manière prudente.»

Selon qu'ils soient fixes ou variables, les taux d'intérêt des prêts hypothécaires sont liés soit au marché des obligations soit au taux directeur de la Banque du Canada.

Le taux cible du financement à un jour de la banque centrale se trouve à sa valeur plancher, à 0,25 %, depuis le printemps, et l'institution a indiqué qu'elle le maintiendrait à ce niveau à tout le moins jusqu'en juin prochain.

Mercredi, trois des plus importantes banques canadiennes - la Banque Royale [[|ticker sym='T.RY'|]] , la Banque de Montréal

[[|ticker sym='T.BMO'|]] et la Banque TD [[|ticker sym='T.TD'|]] - ont annoncé qu'elles réduisaient leurs taux hypothécaires à taux fixe de jusqu'à 0,25 point de pourcentage.  Jeudi, c'était au tour de la banque Scotia, de la Banque Laurentienne et de la CIBC d'annoncer une réduction de 0,25 point de pourcentage de son taux hypothécaire d'une durée de cinq ans.

Cependant, les prêteurs hypothécaires s'entendent pour dire que les taux amorceront leur remontée en 2010.

«La seule assurance que l'on entend dans le marché c'est que la Banque du Canada tentera de maintenir (son taux directeur inchangé) jusqu'en juin, a affirmé le vice-président du service des prêts d'ING Direct, Martin Beaudry. Mais outre cela, il y a déjà des signes indiquant que si des ajustements sont nécessaires, ils pourraient être un peu plus abruptes que les ajustements effectués par le passé.»

De son côté, Benjamin Tal a argué qu'il serait presque criminel de ne pas contracter un prêt hypothécaire avec des taux aussi bas. L'économiste de la CIBC a toutefois averti les consommateurs de se préparer à une hausse des taux d'intérêt et de considérer ce que cette augmentation pourrait signifier pour leurs finances personnelles.

Par exemple, un prêt hypothécaire de 200 000 $ avec un amortissement sur 25 ans et un taux d'intérêt de 2,25 % représente des paiements mensuels de 876,26 $. Mais avec un prêt hypothécaire identique avec un taux de 5 %, les remboursements mensuels grimpent à 1 169,18 $.

M. Tal a précisé que cet aspect devait être pris en compte tant dans le cas d'un taux d'intérêt fixe que variable, faisant valoir que les taux, qu'ils soient fixes ou variables, seraient bien plus élevés dans cinq ans.

«Il est important d'être extrêmement prudent et de ne pas être totalement aveuglé par les taux actuels», a-t-il averti.

Quant à lui, le directeur général des prêts hypothécaires de BMO, John Turner, est d'avis que le moment idéal pour effectuer des paiements plus fréquemment est maintenant, alors que les taux d'intérêt sont toujours bas. Il a expliqué que cela ferait baisser plus rapidement le capital et se traduirait par des paiements moins élevés lorsque les taux d'intérêt auront augmenté.

Selon ses calculs, des versements bihebdomadaires, plutôt que mensuels, pour un prêt hypothécaire de 200 000 $ permettent d'écourter l'amortissement de quatre ans et d'économiser environ 47 000 $ en intérêts.