L'immobilier montréalais restera un marché de vendeurs pour une bonne partie de l'année 2010, selon les prévisions de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

La baisse des nouvelles inscriptions maintiendra l'offre à un faible niveau, ont expliqué les analystes et économistes de la SCHL lors d'une conférence qui a rassemblé 1000 personnes du milieu immobilier au Palais des congrès, hier matin.

Dans le Grand Montréal, le ratio vendeurs/acheteurs (désaisonnalisé) tourne actuellement autour de 6, une situation à l'avantage des vendeurs. On estime qu'un marché est équilibré quand il y a entre 8 et 10 vendeurs pour un acheteur. Le marché montréalais a brièvement atteint cet équilibre au tournant de l'année 2009, et la SCHL n'exclut pas un retour à cette situation vers la fin de 2010.

Joint par La Presse Affaires, le président de la Chambre immobilière du Grand Montréal, Michel Beauséjour affirme aussi que le marché est clairement favorable aux vendeurs. Mais il ne voit pas encore de retour à l'équilibre dans sa boule de cristal.

Notons que pour le marché spécifique des copropriétés, qui se veut désormais le produit vedette de l'immobilier résidentiel montréalais, la SCHL anticipe un marché équilibré dans l'île et la Rive-Sud, et un marché d'acheteurs dans la couronne nord et à Laval.

Stabilisation de la revente

Dans la première moitié de l'année 2009, le rythme d'activité du marché de la revente a grimpé en flèche, tant dans le Grand Montréal que dans l'ensemble du Québec. Des acheteurs ont décidé de remettre en marche leurs projets d'achat suspendus au pire de la crise financière. D'autres n'ont pas voulu manquer les taux d'intérêt historiquement bas.

Le rythme a ralenti légèrement dans les derniers mois, et il est sensiblement au même niveau qu'avant la récession. La SCHL estime qu'il se stabilisera en 2010, avant de repartir à la hausse par la suite.

«Le marché sera soutenu, mais en même temps limité par un certain nombre de facteurs comme la hausse des taux d'intérêt et le fait que le reprise sera modérée», a expliqué Kevin Hughes, économiste principal à la SCHL.

Dans la métropole, la SCHL prévoit ainsi que le nombre de transactions augmentera de seulement 1%. Cette évaluation paraît plutôt prudente aux yeux de Michel Beauséjour, président de la Chambre immobilière du Grand Montréal, qui soutient que la hausse graduelle des taux d'intérêt en minimisera les impacts.

Le bas prix de la banlieue

La SCHL s'attend à un prix moyen de 279 000$ pour 2010 dans le Grand Montréal. Il s'agit d'une croissance de 3%, contre 4,6% en 2009.

Rassurant pour les vendeurs, qui n'ont pas à craindre de baisse de prix. Mais pour beaucoup d'acheteurs, le prix sera une raison de plus pour beaucoup d'entre eux de migrer vers la banlieue, et tout particulièrement vers les extrémités de la région métropolitaine comme Mascouche, Mirabel ou Saint-Amable.

La SCHL évalue qu'une maison unifamiliale coûte en moyenne 161 000$ de moins dans la couronne nord qu'à Montréal. Cela équivaut à une réduction de 40% sur le prix moyen de 385 000$ dans l'île de Montréal.

«Ça représente entre 800 et 900$ par mois, note David L'Heureux, analyste principal de marché à la SCHL. De quoi payer bien des passes de transport en commun et des cadeaux de Noël.»

Baisse des mises en chantier

Si le marché de la revente est revenu à des niveaux d'avant la récession, le marché du neuf s'en éloigne.

«En 2009 et 2010, c'est la première fois en sept ans qu'on va passer sous les 20 000 mises en chantier résidentielles pour Montréal», observe Bertrand Recher, analyste principal pour Montréal.

Le nombre de mises en chantier de maisons individuelles, le secteur le plus maltraité par la récession, s'approche déjà de son creux du milieu des années 90.

Par ailleurs, la SCHL estime que le Québec affichera une croissance du PIB de 2,1% en 2010, de même qu'une lente croissance de l'emploi de 0,7%, estime la Société canadienne d'hypothèque et de logement. Ces gains effaceraient les reculs du même ordre prévus pour l'année 2009.