Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 évoqueront la sortie de crise et tenteront de jeter les bases d'un accord sur le changement climatique vendredi et samedi à Saint Andrews, en Écosse, pour un ultime rendez-vous sous présidence britannique.

La réunion se tiendra dans un luxueux hôtel de Saint Andrews, à l'est de l'Écosse, pluvieux berceau historique du golf.

Les grands argentiers évoqueront d'abord le «cadre de travail» macroéconomique commun décidé en septembre lors du sommet du G20 de Pittsburgh, conçu pour «générer ensemble une croissance mondiale forte, durable et équilibrée».

Il sera donc question de surveillance multilatérale et de la façon de mettre en oeuvre ce mécanisme destiné à vérifier qu'en principe personne ne prend des décisions économiques de nature à favoriser un retour de la crise. Mais tout reste à définir sur cette façon de travailler en collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI). La réunion permettra de défricher le terrain.

Il s'agit de tirer profit de la montée en puissance du groupe du G20, qui réunit les principaux pays développés et émergents de la planète. Il a pris pendant la crise des décisions concertées extrêmes (taux d'intérêt au plus bas et 5000 milliards de dollars injectés dans l'économie mondiale d'ici à fin 2010) qui ont sans doute permis d'éviter la catastrophe.

Le financement du changement climatique pour les pays pauvres sera aussi débattu à un mois de l'ouverture de la conférence de Copenhague. La semaine dernière, les Européens ont fixé un objectif mondial de 100 milliards d'euros par an d'ici 2020.

Mais ils ont refusé de s'engager sur le montant de la contribution de l'Europe à cette enveloppe, ne voulant pas bouger sans engagement parallèle des autres grandes nations. Saint Andrews pourrait permettre au mieux de débloquer les positions.

Le diagnostic macroéconomique, pour sa part, ne devrait pas trop poser de problème.

Les participants constateront la tendance générale à l'amélioration. L'économie américaine est sortie du rouge, la Chine continue sur sa lancée. Le gourou milliardaire Warren Buffett a parié à fond cette semaine sur la solidité de l'économie américaine en investissant 44 milliards de dollars dans une compagnie ferroviaire.

Australie et Norvège, pays riches en matières premières, viennent de rehausser leurs taux d'intérêt. Tous les autres gouvernements et banques centrales concoctent des «stratégies de sortie» à brandir en temps utile pour ne pas risquer une énorme inflation s'ils ne sont pas assez réactifs.

Mais beaucoup de chefs d'entreprises notent encore de «l'incertitude» et des conditions de marchés «difficiles». Le Royaume-Uni est toujours en récession, pour le sixième trimestre. Mercredi, la Fed américaine a souligné que la situation économique était de nature à maintenir les taux «à un niveau extrêmement bas [...] pendant une longue période».

La réunion de samedi devrait donc reprendre tels quels les termes de Pittsburgh en faveur d'un retrait des mesures de relance, seulement «quand il sera temps», et de manière «coopérative et coordonnée».

Au total, ce rendez-vous «ne devrait pas apporter d'avancées considérables, mais clarifier certaines choses ou avancer des pistes nouvelles», a observé un responsable du ministère français des Finances. Ce sera «une grosse réunion sérieuse», a laconiquement résumé une source britannique.

Mais la France pourrait animer de nouveau le débat sur la régulation financière et les bonus.

Un responsable français a ainsi déclaré mercredi que la France était «inquiète» du peu d'empressement mis par certains pays à appliquer les principes décidés à Pittsburgh. Cette réunion sera l'occasion de «remettre la pression sur le système», a-t-il dit.