Vous êtes propriétaire de condo? Vous courez plus de risques de connaître des difficultés financières que votre voisin propriétaire d'une unifamiliale.

Ces sombres augures proviennent d'un portrait démographique publié par l'Institut de la statistique du Québec, et appuyé sur les données du recensement de 2006.

L'article de la démographe Claudine Lacroix révèle qu'au Québec, un ménage copropriétaire sur cinq consacre au moins 30% de son revenu brut aux dépenses d'habitation. Chez les ménages qui possèdent leur domicile en propriété franche, à peine 13% touchent ce plafond de 30%.

Ce barème est fréquemment cité comme limite du revenu brut qu'un ménage devrait consacrer à ses frais d'habitation.

Cette tendance au risque se vérifie dans toutes les tranches d'âges, mais se trouve particulièrement marquée chez les ménages dont le principal soutien est âgé de moins de 25 ans. Dans ce groupe, près la moitié des copropriétaires appliquent au moins 30% de leurs revenus bruts au logement, alors qu'un quart des ménages en propriété franche font de même.

Le seuil d'inconfort budgétaire est encore franchi par 22% des ménages copropriétaires de 75 ans et plus, alors que chez les ménages en propriété franche, 13% commettent cet excès au même âge. Pourquoi cette différence?

Première observation: le revenu médian des copropriétaires est plus faible que celui des ménages en propriété franche - 55 200$ chez les premiers, 62 800$ chez les seconds. Il est donc vraisemblable qu'ils consacrent proportionnellement davantage au logement.

Toutefois, pour les groupes d'âges au-dessus de 64 ans, ce sont les ménages copropriétaires qui gagnent davantage. «Les ménages deviennent plus petits parce que les enfants quittent le domicile familial, souligne Claudine Lacroix, et ils peuvent choisir d'habiter dans un condo plutôt que dans une propriété franche.» Souvent, il s'agira alors d'un choix de mode de vie plutôt qu'une décision dictée par des contraintes économiques.

La popularité de la copropriété varie en fonction de l'âge, a observé la démographe. Chez les moins de 25 ans, 14% des ménages propriétaires optent pour la copropriété. Cette proportion fléchit à 5,4% dans la tranche des 35 à 44 ans, pour reprendre son ascension ensuite. Elle atteint 10% chez les 75 ans et plus.

Les condos sont plus populaires dans les tranches d'âges où les personnes seules se retrouvent en plus forte proportion, soit chez les moins de 25 ans et les 55 ans et plus. Or, une personne seule consacrera souvent une proportion plus importante de son revenu à son logement.

Même si elle y demeure moins populaire qu'ailleurs au pays, la copropriété gagne de plus en plus d'adeptes au Québec. Entre 2001 et 2006, le nombre de ménages propriétaires de condos est passé de 99 600 à 147 900, une croissance de 49%. Durant cette période, 200 000 ménages québécois ont accédé pour la première fois à la propriété. Le quart d'entre eux se sont procuré un condo. «L'augmentation du nombre de ménages propriétaires de condominiums contribue à la hausse de l'accession à la propriété», conclut Claudine Lacroix. Au prix d'un certain risque...