Amon Amouzandeh a le sourire aux lèvres ces jours-ci. L'agent immobilier ne doit plus faire des pieds et des mains pour attirer des acheteurs dans son bureau de Kentish Town, dans le nord de Londres.

«En juillet, nous avons vendu onze condominiums en trois jours», dit le négociateur immobilier de l'agence indépendante Oliver's. Une situation très différente d'il y a un an. En septembre 2008, le bureau n'arrivait pas à vendre une propriété par semaine.

C'était en pleine débâcle immobilière. Après quelques années de surenchère, les prix des maisons piquaient du nez, entraînés par la crise du crédit. Les propriétés ont perdu 18% de leur valeur de février 2008 à février 2009.

Amon Amouzandeh et ses collègues ont dû se retrousser les manches. «Nous nous engagions plus dans le quartier, en commanditant des activités locales, par exemple», dit l'homme de 27 ans.

Maintenant, le marché immobilier traverse une embellie. En juillet, le prix des résidences a augmenté de 1,1% selon la banque Halifax, la troisième hausse cette année. Halifax prédit une dévaluation de 7% pour l'année 2009, contrairement à ses pronostics initiaux de 15%.

Les prix devraient dépasser leur sommet de 2007 en 2014, croit la Housing Federation.

Aussi, le volume des prêts hypothécaires a augmenté de 26% de juin à juillet 2009, atteignant 16 milliards de livres sterling (environ 30 milliards de dollars canadiens).

Marché de vendeurs

La raison de cette éclaircie? Tout d'abord, un manque de vendeurs sur le marché. Les propriétaires sont prudents et préfèrent attendre plutôt que de se départir de leur foyer à un prix moindre.

«Ils se disent probablement: attendons encore six mois pour voir si nous pouvons soutirer 10% de plus», affirme Raj Badiani, économiste à la firme IHS Global Insight.

Pourtant, les propriétaires obtiennent la somme demandée en ce moment, sinon plus, selon Amon Amouzandeh. «Dernièrement, un de mes clients a empoché 22 000£ de plus que le prix de départ», dit-il.

D'autre part, les taux d'intérêt étant historiquement bas, c'est le temps ou jamais pour les jeunes professionnels d'acquérir une demeure. Avec un peu de chance, ils peuvent trouver un taux hypothécaire fixe de 2% ou 3%.

À cause de cette conjoncture, davantage de jeunes entrent dans les agences immobilières accompagnés de leurs parents. «Dans notre sondage de juillet, 80% des acheteurs de moins de 30 ans ont acheté avec l'aide de leurs parents, en comparaison à 40% en 2006», dit Brigid O'Leary, économiste à la Royal Institution of Chartered Surveyors.

Les critères des prêteurs hypothécaires, beaucoup plus sévères qu'en 2006, forcent les parents à mettre l'épaule à la roue. «Les années fastes pendant lesquelles les acheteurs pouvaient emprunter 95% de la valeur d'une propriété sont révolues, dit Mme O'Leary à La Presse. Aujourd'hui, ils sont chanceux s'ils obtiennent 75%. Sachant que le prix moyen actuel d'une maison en Grande-Bretagne est de 150 000£ (268 000$CAN), on parle d'une mise de fonds de 37 500£ (66600$CAN).»

Depuis la déroute des banques, l'immobilier est perçu comme un investissement plus sûr et plus profitable, souligne Amon Amouzandeh. «Un propriétaire qui loue une maison valant 300 000£ peut faire un profit de 15 000£ par année, soit plus du double qu'avec un certificat de dépôt à un taux annuel de 2%.»

Quoi qu'il en soit, la demande n'est pas près de baisser. «Les gens sont prêts à débourser davantage pour une maison que jamais auparavant. Les Britanniques sont presque obsédés par l'idée d'être propriétaires», affirme Mme O'Leary.