Si le marché des condos a fortement diminué à Mont-Tremblant, le prix des autres résidences secondaires du Québec tient le coup. Mais des agents immobiliers commencent à croire que des vendeurs vont bientôt devoir réduire leurs attentes.

Des données compilées par la Fédération des chambres immobilières du Québec à la demande de La Presse Affaires indiquent que le prix moyen des résidences unifamiliales ayant accès à un cours d'eau est stable depuis le début de l'année. À 198 000$ en moyenne, il s'agit de la meilleure estimation du prix de vente des résidences secondaires, même si cette catégorisation inclut aussi des résidences principales.

Le nombre de transactions, lui, est en baisse de 5% depuis le début de l'année, à 2270.

Le portait varie évidemment d'une région à l'autre. La région de Chaudière-Appalaches, près de Québec, semble profiter de la stabilité économique apportée par la taille de l'État dans l'économie locale: le prix des résidences en bord de l'eau y a fait un bond de 11%. Dans le Bas-Saint-Laurent, la progression est de 6% et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, de... 18%, même si le nombre de transactions a reculé dans la même proportion chez les Bleuets.

La fébrilité du marché au sud de Québec, Jacqueline Robitaille la sent. «Lévis a tellement grandi que les gens rêvent de passer la fin de semaine dans un endroit plus reposant», explique l'agente immobilière.

Elle n'a pas vu de baisses de prix même si le marché est plus calme.

Dans son cas, plus calme signifie qu'une résidence secondaire qui recevait de trois à cinq offres l'an passé n'en recevra qu'une cette année. «Le marché est normal, comme dans le bon temps», dit celle qui travaille dans l'immobilier depuis 30 ans.

Dans Lanaudière, le courtier René Laforest, de La Capitale, côtoie des clients plus nerveux. «Les gens sont inquiets, dit-il, psychologue. Ils n'investissent pas dans les résidences secondaires.»

Les données lui donnent raison: le nombre d'unifamiliales au bord de l'eau vendues pendant les six premiers mois de l'année a baissé de 12% par rapport à l'an dernier. Le délai de vente a augmenté de 19 jours, à 138.

«L'hiver prochain, les gens vont devoir ajuster leur prix», dit-il. De combien? De 15 à 20%, selon lui, étant donné que les résidences ont été inscrites à des prix trop élevés.

Une prédiction qu'a aussi osé faire une agente de la région de Québec, sous le couvert de l'anonymat. «Les vendeurs vont devoir se rajuster éventuellement», confie-t-elle, en regardant le nombre de résidences en vente dans son secteur. Selon elle, le prix des résidences secondaires devrait baisser de 10% dans les prochains mois.

Cher, le sud de Montréal

Au sud de Montréal, l'Estrie et la Montérégie demeurent les deux régions où les résidences au bord de l'eau sont les plus chères du Québec, avec un prix moyen de 253 000$ pour la première et de 227 000$ pour la seconde, qui inclut Granby et Bromont.

Les délais de vente se sont allongés, mais les chasseurs d'aubaines cherchent encore l'occasion qui leur permettra d'avoir leur adresse à Granby, Bromont ou North Hatley.

«Ça va aussi bien que l'an passé», constate Christian Longpré, de Royal LePage Au Sommet, à Magog.

Dans la MRC de Memphré-magog, il constate lui aussi que les vendeurs doivent être plus patients. Mais dans ce marché en forte demande depuis longtemps, il ne voit pas de baisses à l'horizon. «Si l'économie reprend du poil de la bête, je ne vois pas pourquoi les prix baisseraient.»