Si le redressement du marché américain de l'habitation est un préalable à la reprise, alors les États-Unis demeurent bel et bien en récession au cours du présent trimestre.

Les ventes de maisons neuves en mai ont déjoué les attentes des experts qui tablaient sur une hausse de plus de 2%. Elles ont plutôt diminué de 0,6%, mais, à leur décharge, les chiffres d'avril ont été révisés à la hausse.

 

Ce qui fait mal toutefois, c'est qu'elles sont en chute libre de 34% en un an, soit davantage que d'avril 2008 à 2009. Sur une base régionale, le repli mensuel est concentré dans les États du Sud.

Seule note encourageante, les prix se stabilisent. Le médian est en baisse de 3,4% depuis an, alors que le moyen accuse un recul de 8%. Ces pourcentages sont beaucoup plus faibles qu'en avril et s'expliquent en bonne partie par la diminution des mises en chantier. Cela n'est guère le signe d'une contribution à la croissance venant de la construction.

«Les transactions sur le marché de la revente sont en hausse pour le deuxième mois d'affilée, note Karen Cordes, économiste chez Scotia Capitaux. Cela suggère que les acheteurs y sont attirés par des prix plus attrayants et par les reventes après saisies.»

Le prix médian sur le marché de la revente s'est stabilisé, mais il reste en baisse de 16% par rapport à ceux d'il y a un an.

Au Canada, on assiste aussi à un recul des prix sur le marché de l'habitation. Le repli va s'accentuant même, mais reste sans commune mesure avec ce qui se passe au sud de la frontière. L'indice Teranet-Banque Nationale fait état d'un repli annuel de 6,7% en avril, comparativement à 5,8% en mars. Il existe de grandes différences régionales cependant puisque la correction est concentrée à l'ouest d'Ottawa. À Montréal par exemple, les prix sont toujours en hausse de 2,4% sur une base annuelle et de 0,2% de mars à avril.

Sur le marché américain de la revente, le nombre de transactions s'élevait à 4,77 millions le mois dernier, ce qui est beaucoup mieux que le creux de 2,29 millions enregistré en janvier.

«Les ventes de maisons ont sans doute été appuyées par la faiblesse des taux d'intérêt hypothécaires», soutient Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins, qui souligne cependant que «les récentes semaines ont témoigné d'une hausse substantielle des taux hypothécaires».

Le taux d'une hypothèque amortie sur 30 ans est passé de 4,6% à la mi-mai à 5,5% ces jours-ci. La barre des 5% représente un seuil psychologique pour bien des premiers acheteurs et des emprunteurs désireux de trouver un refinancement apte à diminuer leurs mensualités pour éviter la saisie de leur propriété.

Les prêteurs se font tirer l'oreille au point où plusieurs emprunteurs embauchent des avocats pour renégocier leurs prêts. Ce climat malsain a été dénoncé par le président Barack Obama.

Certains y voient une occasion d'affaires. Ainsi, la nouvelle firme américaine Homeowner Toolbox propose, moyennant 99$US, une expertise en ligne pour remplir adéquatement son dossier de crédit de manière à convaincre un éventuel prêteur. Un négociateur facture ses services de 3000$US à 4000$US.

Les prêteurs vont néanmoins continuer de se faire tirer l'oreille, en dépit des efforts de la Réserve fédérale et les exhortations de la Maison-Blanche.

L'endettement des ménages représentait 70% de la taille de l'économie américaine en 2000. C'est rendu à 98%. «Au début des années 1980, chaque dollar de dette était adossé à 8$ d'actif, note Michel Doucet, vice-président, Groupe conseil en portefeuille, chez Valeurs mobilières Desjardins. Aujourd'hui, les ménages disposent de 5$ d'actif par dollar de dette.»