La famille d'affaires Zunenshine, de Montréal, vient de perdre une importante bataille dans sa tentative de récupérer les millions de dollars qu'elle a investi dans l'affaire Triglobal.

Il y a quelques jours, les autorités ont refusé à la famille sa demande en vue de dégeler les fonds de l'organisation, qui est toujours sous tutelle dans l'attente de la fin de l'enquête sur ce scandale de 86,3 millions.

La famille Zunenshine a roulé sa bosse dans le milieu des affaires québécois. Dans les années 1980 et 1990, elle avait le contrôle du fabricant de jouets SLM et de Sport Maska, concepteur des fameux patins à glace CCM et Tacks. La famille a aussi été présente dans l'immobilier, à titre de propriétaire et de gestionnaire d'immeubles non résidentiels (Belcourt).

En décembre 2007, le ministre des Finances du Québec a nommé un administrateur externe pour gérer Capital Triglobal et des sociétés affiliées. En parallèle, les fonds et les activités de certaines des entreprises Triglobal, de Focus Management et d'Ivest Fund ont été gelés.

Dans cette affaire, rappelons que les fonds des investisseurs avaient été transférés notamment aux Bahamas et dans les Iles Caïmans, deux paradis fiscaux. Quelque 160 investisseurs avaient placé 86,3 millions offshore et l'administrateur externe, Jean Robillard, n'a retrouvé que 2,5 millions à ce jour, soit 2,9% du total. À elle seule, la famille de Michael et Howard Zunenshine avait mis 14 millions dans les entreprises de Triglobal.

Le 29 mai dernier, une décision a été rendue à l'encontre de la famille Zunenshine par le tribunal des valeurs mobilières du Québec (le Bureau de décision et de révision des valeurs mobilières ou BDRVM).

Essentiellement, la famille Zunenshine demandait au BDRVM de reconnaître une décision récente de la Cour supérieure de permettre la vente de leurs actions détenues dans des sociétés de Triglobal. Or, cette technicalité aurait pu permettre aux acheteurs des actions d'exercer le contrôle sur les fonds, croit le BDRVM.

Selon l'organisme, ce dégel partiel du blocage se ferait au détriment des autres investisseurs. «Le tribunal estime qu'il est de loin préférable de laisser l'administrateur provisoire terminer son travail et de s'assurer que le plus grand nombre d'investisseurs, ce qui comprend les intervenants, puisse bénéficier d'une liquidation ordonnée et recevoir ce qui leur revient, selon les proportions déterminées par la loi et les tribunaux. De plus, écrit le BDRVM, l'enquête de l'AMF se continue, ce qui justifie aussi de ne pas lever les blocages».

Les dirigeants des entreprises liées à Triglobal, notamment Mario Bright et Themis Papadopoulos, n'étaient toujours pas présents aux dernières audiences, note le BDRVM. Ils ont quitté le pays peu de temps après la mise sous tutelle.