Les Québécois étranglés par leurs dettes sont de plus en plus nombreux à remettre les clés de leur maison à leur créancier. En mai dernier, 263 ménages se sont fait saisir leur propriété, une hausse de 32% par rapport à l'an dernier.

«Depuis octobre 2007, ça progresse tout le temps. Et je peux vous dire que ce n'est pas fini», lance Daniel Langlois, président de GDL Crédit Ressource Québec, la firme qui compile les données.

D'ailleurs, les créanciers ont expédié 845 préavis à des propriétaires en retard dans leurs paiements hypothécaires, le mois dernier. Il s'agit d'une première étape obligée avant la saisie.

Près du tiers (77) des saisies de maisons au Québec ont été provoquées par des prêteurs alternatifs et des compagnies de finances, même si leur part du marché hypothécaire est relativement mince. Le reste des saisies vient des banques (112) et de Desjardins (74).

C'est dans la région de Laval-Laurentides où l'on dénombre le plus de ménages acculés au pied du mur. En mai, 215 préavis y ont été enregistrés et 59 maisons ont été saisies, pratiquement cinq fois plus qu'il y a deux ans.

«Plusieurs quartiers neufs s'y sont développés, ces dernières années. Quand on achète une maison de 350 000$, avec une hypothèque à 100%, et qu'on perd ensuite son emploi, les paiements sont difficiles», commente M. Langlois.

Les préavis se sont aussi multipliés en Montérégie et en Outaouais. Du côté de l'Estrie, les saisies commencent à grimper.

Mais selon M. Langlois, ce n'est qu'un début : «Quand on sera au sommet, les chiffres actuels nous semblerons banals.» Il souligne que dans la région de Québec (où sa base de données remonte dix ans en arrière), on est très, très loin des années sombres du dernier cycle immobilier.

À Québec, on a dénombré 158 délaissements en 2008. Si la tendance se maintient, il y en aura environ 175 en 2009. Bien sûr, il s'agit d'une augmentation de 50% par rapport au début des années 2000. Mais le nombre de délaissements demeure quatre fois moins élevé qu'à la fin des années 90, alors que les prêteurs saisissaient plus de 700 maisons par an.