La hausse-surprise de deux indicateurs immobiliers, publiés hier aux États-Unis après plusieurs autres meilleurs (ou moins mauvais) que prévu, vient renforcer l'espoir renaissant pour l'économie américaine, même si les analystes mettent en garde contre tout excès d'entrain.

Alors que les investissements des ménages américains dans le logement sont en baisse continue depuis plus de trois ans, le département du Commerce des États-Unis a estimé que les dépenses de construction avaient augmenté de 0,3 % en mars par rapport à février, en données corrigées des variations saisonnières.

Cette hausse, qui met fin à cinq mois de baisse consécutifs, a pris à contre-pied les analystes qui les attendaient en recul de 1,7 %.

Autre indicateur bien meilleur que prévu, celui des promesses de ventes de logements. Elles ont affiché en mars une hausse pour le deuxième mois d'affilée, de 3,2 % par rapport à février, selon l'Association nationale des agents immobiliers (NAR). Les analystes les attendaient stables.

« Cette hausse des promesses de vente pendant deux mois de suite est positive dans la mesure où elle montre que des logements plus abordables (du fait de taux d'emprunt plus bas et de prix fortement réduits) et un soutien de l'État (un crédit d'impôt de 8000 $US pour ceux qui achètent pour la première fois) commencent à avoir un effet sur les ventes «, note Elsa Dargent, économiste de Natixis.

« Les gens sont un peu moins inquiets à propos de la récession et ils commencent à observer des signes de redressement «, avance James O'Sullivan, économiste principal de UBS Securities, à Stamford, au Connecticut.

Deux des quatre grandes régions aux États-Unis ont vu une augmentation des ventes de maisons existantes, selon le rapport publié hier. Ainsi, les achats ont augmenté de 8 % dans le Sud et de 3,9 % dans l'Ouest, alors qu'ils ont baissé de 5,7 % dans le Nord-Est et de 1 % dans le Midwest.

D'autres rapports indiquent une certaine stabilisation sur le marché de l'habitation. La baisse des prix des maisons dans 20 grandes villes américaines a ralenti en février, ce qui est une première depuis 2007, indiquait le 28 avril dernier l'indice S&P/Case-Shiller. De plus, les ventes de maisons existantes en mars ont été supérieures au creux d'une décennie atteint deux mois plus tôt, précisait le NAR le 23 avril dernier.

Construction

Le niveau des promesses de vente et des dépenses de construction reste malgré tout très bas.

Cependant, alors que commence à s'installer l'idée que le pire de la récession pourrait être passé, la nouvelle de leur hausse a soufflé un vent d'enthousiasme sur Wall Street, tant la reprise du marché de l'immobilier (par lequel la crise est arrivée) et de la construction est perçue comme une des clefs du redressement de l'économie américaine.

Examinées plus en détail, ces statistiques ne sont pas entièrement rassurantes.

Les chiffres du ministère du Commerce montrent que les dépenses de constructions privées, qui représentent plus des deux tiers de l'ensemble des dépenses de construction, ont continué de reculer.

Certes, leur baisse a fortement ralenti en mars, à -0,1 %, mais les dépenses privées consacrées à la construction de logements restent très déprimées, avec un nouveau recul de -4,2 %.

Celles-ci ne représentaient plus en mars que 26 % du total des dépenses de construction américaines, contre encore 36 % un an plus tôt et 45 % en juillet 2007, juste avant l'explosion de la crise des crédits immobiliers à risques à l'origine de la récession actuelle.

Pour Patrick Newport, économiste de IHS Global Insight, « la construction se relève d'un pouce, mais cette hausse ne durera pas «. Relevant que les dépenses pour la construction de maisons individuelles ont reculé pour le 37e mois d'affilée en mars, et qu'elles ont cédé encore 8,6 %, après leur baisse record de 11,0 % en février, M. Newport fait remarquer que la hausse de l'indicateur vient essentiellement du secteur hors-logement où l'offre de bâti (bureaux ou locaux commerciaux) est déjà trop abondante.

Des enquêtes montrent que les ménages profitent de la baisse des taux pour refinancer leurs emprunts à des conditions plus avantageuses, plutôt que pour financer de nouveaux achats.

 

"8,5%

Hausse des promesses de revente de maisons dans le sud des États-Unis.

"5,7%

Augmentation des promesses de revente dans le Nord-Est américain.

4,78%

Taux moyen s'appliquant à une hypothèque de 30 ans aux États-Unis, en datte du 2 avril, soit le plus faible niveau jamais enregistré.

803 489

Nombre de propriétés ayant été saisies au cours du premier trimestre sur le marché américain, un record.