Au premier regard, Montréal est un îlot de paradis quant à l'état de son immobilier résidentiel. Au deuxième coup d'oeil, les propriétaires de maison ne font qu'écoper moins que les autres dans un marché en récession.

C'est ce que permet de comprendre l'indice composite national Prix de maison Teranet-Banque Nationale pour février, dont les détails ont été publiés hier.

 

Cet indicateur mesurant les prix des maisons dans les six principales villes canadiennes relève qu'à un rythme annuel, une augmentation de 3,16% a eu lieu à Montréal, avec un indice s'établissant à 120,58 points. Si l'on compare cette donnée avec le recul de 4,1%, à 121,16 points, constaté dans l'ensemble du Canada, devenu un marché d'acheteurs, les nouvelles sont bonnes pour les propriétaires d'ici.

Les signaux du marché semblent demeurer positifs si on sait que février a simplement marqué un ralentissement de la croissance à Montréal, les prix ayant progressé de 4,1% en janvier.

Le portrait s'assombrit toutefois si on regarde l'évolution de l'indice Teranet-Banque Nationale à un rythme mensuel. Les prix de l'immobilier résidentiel ont baissé de 1,2% dans la métropole québécoise en février, ce qui constituait la quatrième baisse en cinq mois.

Comme le recul des prix à l'échelle nationale était le sixième d'affilée et constituait la plus longue séquence baissière depuis février 2000, Montréal n'échappe pas aux pressions à la baisse engendrées par la récession.

Millan Mulraine, économiste et stratège à la Banque TD, estime qu'un ralentissement de la croissance des prix est quand même rassurant. Par contre, il lance un avertissement pour les prochains mois.

«Si l'économie canadienne continue de s'affaiblir et que les marchés demeurent tendus, et nous nous attendons à ce que ce soit le cas, Montréal ne sera pas épargné. Mais rien ne nous porte à croire que la correction sera aussi importante que dans l'Ouest, car les hausses de prix à deux chiffres n'ont pas eu lieu.» En comparant, il a bien raison. L'indice révèle des baisses annuelles de 8,1% à Calgary, 6,4% à Vancouver et 5% à Toronto en février.

M. Mulraine se veut rassurant quand il parle de la correction en cours dans le monde immobilier. «Il est clair que le rythme demeure mesuré et ordonné, et il semble que ce soit une correction plus douce que l'ajustement brusque et prolongé dans le secteur immobilier américain.»

Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale et auteur du rapport publié hier, se demande pour sa part si les baisses les plus récentes des prix prendront de l'ampleur comme aux États-Unis.

«Nous ne le pensons pas, poursuit-il. Les reventes de maisons étaient en hausse au Canada en février et mars, ce qui laisse penser que les Canadiens sont sensibles aux taux hypothécaires historiquement bas. L'augmentation des ventes en février et en mars a aidé à corriger une grande partie du déséquilibre entre les nouvelles inscriptions et les ventes.»

Bref, pas de quoi paniquer pour un propriétaire.