Les Québécois propriétaires de maisons peuvent se réjouir car le secteur immobilier n'a pas été trop malmené par la récession, mais des nuages gris planent encore.

C'est du moins l'impression que laissent deux indicateurs clés publiés hier sur la santé du marché.

En premier lieu, les prix des maisons ont mieux fait à Montréal au premier trimestre que dans les autres grandes villes du pays, selon le rapport intitulé «Étude sur le prix des maisons» des Services immobiliers Royal LePage.

 

Ainsi, le prix moyen des maisons individuelles a augmenté de 2% à 232 375$ à Montréal comparativement à la même période en 2008, pendant qu'il reculait de 6,1% au Canada.

Pour les maisons à deux étages, le marché montréalais a accusé un recul de 0,7% à 330 056$ du prix moyen, contre une baisse de 6,5% à l'échelle nationale.

En ce qui concerne les condos, les prix ont été stables à environ 206 500$ à Montréal, contre un repli de 4% au pays.

L'autre indicateur important, c'est celui concernant les mises en chantier. La Société canadienne d'hypothèque et de logement a indiqué qu'en mars, le bilan était mitigé.

Les données annualisées éliminant les variations saisonnières relèvent 35 400 nouvelles fondations le mois dernier, contre 28 700 en février. C'est dû notamment à des gains dans le logement collectif.

Par contre, sur une base strictement mensuelle, l'on remarque un ralentissement de 13,7% à 2561 mises en chantier comparativement à mars 2008. Le Saguenay est la seule région où l'activité a été stable. Les sous-secteurs des logements collectifs et des condos ont été les plus pénalisés.

Un soulagement, mais...

En ce qui concerne les prix, Royal LePage se dit soulagée parce que l'ampleur de la correction aurait pu être plus grande. «Nous nous attendions à un fléchissement plus marqué du prix des maisons à l'échelle des marchés canadiens au premier trimestre, affirme Phil Soper, PDG des Services immobiliers Royal LePage. [...] Mais les marchés se sont montrés relativement résistants au cours de cette période.»

«Dans la plupart des régions, précise-t-il, les Canadiens ne pourront pas s'attendre à ce que le prix de leur propriété recommence à grimper tant que la conjoncture générale n'aura pas commencé à se stabiliser, ce qui se produira probablement dans la première moitié de 2010.»

Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins, estime pour sa part qu'il ne faut pas se faire d'illusions à la lecture des chiffres sur les mises en chantier à un rythme annuel dans la province.

«La nature volatile des indicateurs économiques fait que des regains temporaires sont souvent observés au sein d'une tendance baissière, dit M. Durocher. Cela a d'ailleurs déjà été observé à quelques reprises au cours des derniers mois tant au Canada qu'aux États-Unis.»

Selon cet économiste, le marché n'est pas sorti du bois. «La hausse est loin d'être généralisée, le gain étant essentiellement observé dans les logements collectifs des centres urbains. Or, rien n'indique que ce rebond se poursuivra au cours des prochains mois.»

Bref, pas de quoi bomber le torse.