Les Européens se rendent au G20 avec la ferme intention de résister aux appels américains en faveur d'une relance économique mondiale plus soutenue et pour obtenir plutôt le maximum d'avancées sur la régulation financière.

«La crise ne s'est pas produite parce que nous avons distribué trop peu d'argent, mais parce que nous avons créé de la croissance économique avec trop d'argent et que ce n'était pas une croissance durable», a estimé samedi la chancelière allemande Angela Merkel dans le Financial Times.«Si nous voulons en tirer des leçons, la réponse n'est pas de répéter les erreurs du passé», a ajouté Mme Merkel, dont le pays est l'un des quatre Etats de l'UE qui sera assis à la table du G20 de Londres, avec la France, le Royaume-Uni et l'Italie.

Les Européens l'ont martelé aux Etats-Unis ces dernières semaines: ils estiment avoir fait assez pour le moment avec leurs mesures de relance qu'ils évaluent à au moins 3,3% du Produit intérieur brut de l'UE, soit 400 milliards d'euros, pour 2009 et 2010.

Les Etats-Unis, qui ont lancé en février un plan de relance de 787 milliards de dollars (5,5% de leur PIB), ont souligné de leur côté à plusieurs reprises la nécessité d'en faire plus face à la gravité de la récession mondiale.

Les tensions transatlantiques ont été accentuées cette semaine par une sortie fort peu diplomatique du Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, dont le pays préside l'UE. Ce libéral convaincu a estimé que les Etats-Unis s'étaient engagés sur «une voie vers l'enfer» en déboursant des centaines de milliards de dollars.

Plutôt qu'à la relance, c'est à la régulation financière que les Européens veulent donner la priorité au G20.

«Il n'y a pas de dichotomie entre la relance économique et le renforcement de la régulation financière mondiale. Nous avons besoin des deux si nous voulons une reprise économique», a dit jeudi le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

«Il n'y a pas de point de conflit entre nous et l'administration américaine. Pour chacun d'entre nous la régulation des marchés financiers est le point central» de ce sommet, a aussi voulu croire vendredi le porte-parole de la chancelière allemande.

Les craintes des pays européens de voir les Etats-Unis chercher à limiter au minimum le renforcement de la surveillance financière au G20 ont été en partie apaisées par les dernières propositions américaines sur le sujet.

Washington vient de dévoiler les grandes lignes d'un plan prévoyant de durcir les normes financières existantes et d'assujettir au contrôle des autorités un grand nombre d'entreprises ou de marchés qui y échappaient jusqu'ici.

Les Européens veulent des résultats concrets au G20. Ils préparent eux-mêmes plusieurs initiatives au sein de l'UE: régulation plus stricte des fonds spéculatifs («hedge funds») et de capital-investissement, encadrement des rémunérations du secteur financier, surveillance des agences de notation et renforcement de la surveillance transfrontalière des compagnies d'assurance ou des banques à l'intérieur de l'UE.

Les pays européens soutiendront par ailleurs au G20 un doublement des ressources totales du Fonds monétaire international (FMI) à 500 milliards de dollars, pour lui permettre d'accorder davantage de prêts aux pays en difficulté. Une initiative à laquelle ils entendent contribuer à hauteur de 100 milliards de dollars.

Mais cette question pourrait encore rebondir car les Etats-Unis ont récemment suggéré de faire un effort encore plus important en triplant les ressources du FMI.