Alors que la récession rattrape les propriétaires de maison au Canada, Ottawa sent le besoin de lancer une offensive pour éviter une escalade des défauts de paiement hypothécaires.

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) prépare une campagne d'information pour redonner un peu de souffle aux propriétaires étranglés par leur hypothèque.

 

Cette offensive survient au moment où les Américains mettent tout en oeuvre pour débloquer le robinet du crédit et nettoyer le bilan des banques noirci par les défauts de paiement.

Le mois dernier, le gouvernement américain a lancé un plan de 75 milliards de dollars US pour aider les propriétaires en difficulté. Sans cette bouée de sauvetage, on estime que six millions de ménages américains auraient été forcés de rendre leurs clés au cours des prochaines années.

Au Canada, le marché immobilier se porte beaucoup mieux. Mais depuis six mois, on observe un rebond très clair du nombre de prêts hypothécaires en souffrance.

Au Canada, les prêts en souffrance formaient 0,36% du nombre total d'hypothèques, en janvier dernier. Une hausse significative par rapport à seulement 0,26% au printemps dernier, selon l'Association des banquiers canadiens (ABC).

«Tout porte à croire que le taux continuera de monter d'ici de 6 à 12 mois», estime Benjamin Tal, économiste principal chez CIBC Marchés des capitaux.

Le Québec n'échappe pas à la tendance. Le taux de prêts en souffrance, qui n'était que de 0,14% en 2005, a grimpé à 0,31% en janvier dernier, son plus haut niveau depuis 2002. Mais ce n'est rien par rapport à 1997, alors que plus de 1% des hypothèques étaient en souffrance.

Souplesse

Les ménages qui sont pris à la gorge ont tout intérêt à cogner à la porte de leur banque avant de manquer complètement d'air.

«On a toujours fait preuve de souplesse. Quand un membre éprouve des difficultés, les caisses savent être patientes. Elles vont prendre toutes les mesures nécessaires pour lui permettre de garder sa maison», assure André Chapleau, porte-parole du Mouvement Desjardins.

Par exemple, il est possible de reporter des paiements ratés à la fin du terme de l'hypothèque, de refinancer ou de rééchelonner leur prêt.

«Le client qui rembourse son prêt depuis quelques années a dégagé un peu de latitude entre le montant de son hypothèque et la valeur de sa maison», indique Diane Pilote, directrice principale, solution de crédit hypothécaire, à la Banque Nationale.

Depuis quelques années, la valeur de sa maison a peut-être grimpé. En faisant réévaluer sa résidence, la banque peut relever l'hypothèque jusqu'à 95% de la valeur de l'évaluation, soit la limite imposée par la SCHL.

La baisse des taux d'intérêt peut aussi donner de la marge de manoeuvre aux propriétaires coincés. Vendredi dernier, les institutions financières ont annoncé une baisse de taux d'intérêt. Les taux affichés sur les hypothèques de cinq ans ont diminué à 5,5%, du jamais vu, selon les économistes de Desjardins.

Les clients qui ont un bon dossier de crédit peuvent négocier un taux encore plus bas. Par exemple, le courtier hypothécaire Multi-Prêts est capable d'obtenir un taux de 4,05% pour une hypothèque de cinq ans, et même de 3,85% moyennant certaines conditions.

«Il y a énormément de gens qui nous appellent pour savoir si cela vaut la peine de renégocier leur hypothèque», affirme la directrice du service aux ventes, Mélanie Laflamme.

La question reste à savoir si l'économie découlant de la baisse du taux d'intérêt sera plus grande que la pénalité imposée par le prêteur pour rouvrir l'hypothèque.