Les grands argentiers de la planète réunis samedi au sud de Londres ont convenu d'utiliser toutes les armes possibles contre la crise, éteignant en apparence les dissensions qui étaient apparues notamment entre les Etats-Unis et l'Europe sur la relance budgétaire.

Le communiqué final est un véritable catalogue des mesures, budgétaires, monétaires, financières ou de régulation que peuvent prendre les gouvernements et banquiers centraux de la planète pour atténuer les effets d'une crise qui verra en 2009 la première contraction du Produit intérieur brut (PIB) mondial depuis la deuxième guerre mondiale.«Tout cela montre je pense une direction très claire alors que nous nous acheminons vers (le sommet) de Londres le 2 avril», a estimé le ministre des Finances britannique Alistair Darling. Y participeront cette fois les chefs d'Etat du G20, qui regroupe les vingt plus grandes économies développées et émergentes de la planète

«Nous sommes tombés d'accord sur un nombre significatif d'avancées, avec un grand consensus à la fois sur l'urgence des problèmes et sur ce que nous devrions faire pour y remédier», s'est-il félicité.

Les Européens, soucieux de leurs déficits publics et qui estiment que leurs régimes de protection sociales plus développés qu'aux Etats-Unis rendent difficiles les comparaisons transatlantiques, ont réussi à éviter de s'engager sur de nouveaux plans de relance.

Le communiqué reconnaît certes que «l'expansion budgétaire fournit un soutien vital à la croissance et à l'emploi», mais le G20 ne s'engage qu'à «fournir un effort de l'ampleur nécessaire pour rétablir la croissance», tout en insistant surtout sur «la mise en oeuvre sans délai des mesures déjà annoncées».

Pas d'engagement général non plus sur les banques, mais la promesse «d'affronter les problèmes du système financier là où cela s'avère nécessaire». Le G20 a adopté un cadre commun pour le traitement des actifs toxiques.

Alors que les banques centrales ont déjà fortement baissé leurs taux, presqu'à zéro comme aux Etats-Unis ou au Japon, «toute la palette des instruments de politique monétaire» sera par ailleurs mise en oeuvre, y compris les «mesures non conventionnelles», autant dire la mise en route de la presse à billets, comme au Royaume-Uni.

Les pays les plus pauvres ne sont pas oubliés avec une augmentation «très significative» des ressources du Fonds monétaire international (FMI).

Quant à la régulation, fonds spéculatifs, agences de notation et paradis fiscaux sont désormais pêle-mêle dans la ligne de mire, à la grande joie de l'Allemagne et de la France qui ont fait suffisamment peur aux paradis européens, dont la Suisse, pour qu'ils annoncent un assouplissement de leur secret bancaire.

Le G20 semble avoir voulu absolument montrer un front uni à cette réunion, pour tenter de restaurer la confiance mondiale, clé de la reprise. Les Etats-Unis ont joué le jeu de la bonne humeur : «Nous voyons que le monde bouge ensemble à une vitesse et sur une échelle sans précédent dans l'histoire moderne», a commenté le secrétaire américain au Trésor Tim Geithner.

Unité encore affichée par le couple franco-allemand, avec une conférence de presse commune de Christine Lagarde et Peer Steinbrück, Mme Lagarde se félicitant «du rapprochement de points de vue» entre les pays du G20, tandis que le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, se disait «frappé de la très profonde unité de vues» à cette réunion.

A Londres, un autre couple, le Premier ministre Britannique Gordon Brown et la chancelière allemande Angela Merkel, affichaient également leur «optimisme» sur la réunion du 2 avril.

D'autres étaient plus inquiets. Ainsi, même si le G20 s'est aussi engagé samedi à «lutter contre toutes les formes de protectionnisme», les «BRIC», groupe qui rassemble les grands émergents (Brésil, Russie, Inde et Chine) y ont vu une menace «de plus en plus réelle».