Les taux variables viennent de baisser de 0,50%, mais les taux fixes pourraient être plus avantageux à long terme, selon une étude de Desjardins

Fixe ou variable - en matière hypothécaire, telle est la question.

À première vue, ce dilemme shakespearien semble facile à résoudre pour les propriétaires hypothécaires. Encore plus facile ce matin alors que seuls les taux hypothécaires variables profiteront de la baisse de 0,50% du taux directeur de la Banque du Canada annoncée hier. Il s'agira d'une économie mensuelle de 41$ par tranche d'hypothèque de 100 000 $, selon les calculs d'un économiste du Mouvement Desjardins. Les taux fixes, eux, ne bougeront pas.

La Banque de Montréal a une offre particulièrement alléchante sur la table : un taux variable de 3,30% sur cinq ans. Dans les grandes institutions financières canadiennes, le taux fixe sur cinq ans est de 5,79%.

Mais voilà : même si les taux hypothécaires fixes n'ont pas profité de la baisse de 0,50% de la Banque du Canada, ils pourraient représenter une meilleure affaire à long terme, selon un économiste du Mouvement Desjardins qui publiera aujourd'hui une étude sur le dilemme entre les taux hypothécaires fixes et variables.

«Les gens voient le taux variable à 3,30%, mais il est à son plus bas présentement, dit l'économiste Mathieu D'Anjou. Les gens oublient que le taux variable pourrait augmenter à 7,5% plus tard au cours de l'hypothèque (le taux fixe est actuellement de 5,79%). À court terme, le taux variable est avantageux mais ça pourrait devenir un calcul dangereux à long terme. «

L'économiste du Mouvement Desjardins entend réhabiliter les taux fixes et mettre en garde les propriétaires hypothécaires contre les dangers des taux variables, qui ont gagné en popularité durant la crise du crédit. Selon l'Association canadienne des courtiers hypothécaires accrédités, 40% des nouvelles hypothèques octroyées au Canada depuis un an étaient des prêts à taux variable. L'automne dernier, seulement 27% de toutes les hypothèques au pays étaient des prêts à taux variable.

Il faut dire que les détenteurs d'hypothèques variables ont été gâtés par le passé. Selon une étude de l'Université York, un détenteur d'une hypothèque à taux variable économise en moyenne 1467 $ par année par rapport à un détenteur d'une hypothèque à taux fixe sur chaque tranche d'hypothèque de 100 000 $. L'étude se base sur les données hypothécaires canadiennes entre 1950 et 2000.

L'écart risque de se rétrécir au cours des prochaines années. Vrai, les taux variables sont bas. Mais les taux fixes s'approchent aussi de leur creux historique. « Les taux fixes ont déjà beaucoup baissé, dit Mathieu D'Anjou. Ce n'est pas impossible qu'ils baissent encore, mais nous avons eu la grosse partie des baisses en début d'année. «

Hier, les spécialistes des taux hypothécaires n'ont pas été surpris de voir les taux variables s'aligner sur le taux directeur de la Banque du Canada, tandis que les taux fixes n'ont pas bougé d'un iota. « Les taux variables se basent uniquement sur le taux directeur de la Banque du Canada, tandis que les taux fixes sont influencés par d'autres facteurs, notamment les risques de hausses éventuelles de taux, dit Mohammed Chaudhury, professeur de finances à l'Université McGill. Actuellement, les banques tentent de se protéger de toute l'incertitude économique, que ce explique l'écart entre les taux fixes et variables.»

À défaut de résoudre le dilemme hypothécaire d'Hamlet, l'économiste Mathieu D'Anjou conseille aux propriétaires hypothécaires de bien examiner les deux options avant d'arrêter leur choix. « Ce n'est pas vrai que les taux variables sont toujours plus avantageux, dit l'économiste du Mouvement Desjardins. La tendance actuelle semble favoriser les taux variables mais les taux fixes représentent un bon choix pour bien des gens.»