Les signes qu'on se dirige vers une baisse du prix des propriétés à Montréal s'accumulent. Et certains experts croient même que cette chute... a déjà commencé.

Selon la Chambre immobilière du Grand Montréal, la revente de propriétés a chuté de 37% dans la région métropolitaine en janvier dernier par rapport à un an auparavant. Les prix, eux, ont cependant continué à progresser légèrement. Le prix des maisons unifamiliales et des plex (maisons de deux à cinq logements) a gagné 3% en janvier par rapport à l'an dernier, tandis que celui des condos a gagné 4%.

 

«La baisse du nombre de transactions reflète la baisse de confiance des consommateurs, dit Michel Beauséjour, chef de la direction de la Chambre immobilière. Un consommateur qui n'a pas confiance est porté à reporter les décisions d'achat importantes comme celles d'une voiture ou d'une maison.»

Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale, s'est amusé à comparer le prix des propriétés vendues en janvier à ceux des mois précédents. Sa conclusion: s'il est vrai que le prix des condos et des maisons unifamiliales a été plus élevé en janvier 2009 qu'en janvier 2008, voilà tout de même plusieurs mois qu'on ne les avait pas vus aussi bas.

L'analyse de M. Pinsonneault montre qu'à 225 000$, le prix médian des maisons unifamiliales de la grande région de Montréal a atteint un creux depuis août 2008. Quant au prix médian des condos, qui a atteint 181 767$ en janvier, il n'avait pas été aussi bas depuis avril dernier.

«Le marché montréalais n'a faibli que récemment, et pas aussi fortement que dans d'autres villes canadiennes. Mais les prix sont en train de baisser depuis quelques mois», dit l'économiste.

Notons que le prix des plex, lui, ne semble pas suivre cette tendance à la baisse pour l'instant.

M. Pinsonneault concède que le prix des résidences baisse souvent en janvier. Sauf que même en éliminant l'effet saisonnier, les baisses sont significatives. «Le fait que dans les six derniers mois, les prix des condos aient baissé quatre fois n'est pas à mettre au compte de la saisonnalité», dit-il.

En analysant les baisses observées lors des récessions précédentes, M. Beauséjour, de la Chambre immobilière, croit qu'il faut s'attendre à voir l'évolution des prix osciller dans une fourchette entre -1 et 3%.

Sans vouloir quantifier les éventuelles baisses, Maurice Marchon, professeur d'économie appliquée à HEC Montréal, se montre toutefois plus pessimiste. «Les prix ont doublé à Montréal depuis 2001. Et ils sont surévalués.»

Selon lui, la chute de 37% du volume de vente en janvier est un signe qui ne trompe pas. «C'est toujours comme ça que ça commence. Au début, le volume baisse, mais les vendeurs tiennent leur prix. Sauf qu'il arrive un moment où ils s'impatientent et finissent par baisser leur prix», dit-il.

D'autant plus que le nombre de nouvelles inscriptions diminue plus lentement que le volume de ventes, ce qui laisse présager un surplus de vendeurs.

«Il y a vraiment un déséquilibre qui se créé», dit Marc Pinsonneault, de la Financière Banque Nationale.

Un déséquilibre, cependant, qui n'a rien à voir avec ce qui se passe dans plusieurs autres villes canadiennes.

Une autre étude de Statistique Canada dévoilait hier que le prix des maisons neuves a progressé de 4,6% entre décembre 2007 et décembre 2008 à Montréal, alors qu'il ne progressait que de 1,9% à Toronto et qu'il chutait de 2,3% à Vancouver, de 4,3% à Calgary et de 8,2% à Edmonton.