Deux des trois responsables du fiasco de l'UQAM ont eu droit à une importante allocation de départ lorsqu'ils ont quitté l'université, a appris La Presse Affaires.

L'ex-recteur Roch Denis a touché quelque 173 000$ en 2007 après avoir laissé ses fonctions. Quant à Mauro Malservisi, l'ex-vice-recteur responsable des affaires financières, sa retraite en mai 2006 a été accompagnée d'une «indemnité de départ» de 153 000$.

 

Le désastre immobilier de l'UQAM a fait l'objet de rapports sévères du vérificateur général du Québec, Renaud Lachance. Selon le rapport de juin 2008, les trois dirigeants ont bâclé leur travail et manqué de transparence dans les projets de l'îlot Voyageur et le Complexe des sciences. En cinq ans, le budget des deux projets est passé de 392 millions à quelque 728 millions de dollars.

Le fiasco a obligé le gouvernement à allonger près de 380 millions pour sortir l'UQAM du pétrin. L'université a dû resserrer considérablement ses dépenses pour obtenir cette aide.

Aujourd'hui, une enquête criminelle de la Sûreté du Québec est en cours. Elle concerne MM. Denis et Malservisi, de même que l'ex-directeur du développement, Nicolas Buono, qui a été congédié.

L'UQAM examine aussi s'il y a matière à poursuite civile contre les trois individus, nous indique la porte-parole de l'UQAM, Francine Jacques.

Un congé de perfectionnement

Roch Denis a démissionné de son poste de recteur en décembre 2006 dans la foulée des révélations entourant les dépassements de coûts du projet du Complexe des sciences. Bénéficiant de la sécurité d'emploi, M. Denis était alors admissible à une «prime de séparation» équivalente à un an de salaire ou à un «congé de perfectionnement» d'une durée d'un an sans diminution de salaire.

Cette information se retrouve dans le protocole relatif aux conditions de travail des cadres supérieurs de l'Université du Québec. Le «congé de perfectionnement» n'y est assorti d'aucune condition quant à l'emploi du temps de celui qui en bénéficie.

En décembre 2006, Roch Denis a donc opté pour le congé de perfectionnement d'un an, au terme duquel il a pris sa retraite, en janvier 2008, nous a confirmé la porte-parole de l'UQAM, Francine Jacques.

Le cas de Mauro Malservisi est un peu différent. L'ex-vice-recteur a pris sa retraite de l'UQAM au terme de l'année universitaire terminée le 31 mai 2006. Il avait alors 65 ans et avait passé 37 ans dans l'organisation.

Mauro Malservisi a alors eu droit à sa «prime de séparation» d'un an, soit 153 002$, est-il indiqué dans l'état du traitement des cadres de l'UQAM, que La Presse a obtenu grâce à la Loi sur l'accès à l'information. Le départ de M. Malservisi est survenu avant l'annonce officielle de dépassements de coûts, mais après que la firme de notation de crédit Moody's ait sonné l'alarme sur les finances de l'UQAM, en février 2006. Le syndicat des professeurs avait alors publiquement fait part de son inquiétude.

Dans la fonction publique du Québec, les hauts dirigeants qui sont congédiés pour «maladministration, faute lourde ou motif de même gravité» n'ont pas droit à leur allocation de départ. Pour les cadres supérieurs du réseau de l'Université du Québec, le contrat d'embauche est muet à cet égard et l'indemnité peut être versée peu importe les raisons du départ, comprend-on du Protocole.

Le troisième gestionnaire critiqué par le vérificateur général, Nicolas Buono, a été congédié en août 2007. N'étant pas un cadre supérieur, M. Buono est régi par un autre protocole d'embauche, qui, dans ce cas, ne prévoit pas une indemnité de départ à la suite d'un congédiement.

À l'UQAM, on n'a pas tenté de se défiler face aux questions de La Presse. Concernant M. Malservisi, la porte-parole Francine Jacques dit que son rôle dans la situation financière de l'UQAM n'était pas connu au moment de sa retraite, en mai 2006. «On ne se doutait pas de l'ampleur du déficit de l'UQAM. C'est la personne qui l'a remplacée, Monique Goyette, qui a levé des drapeaux rouges», a dit Mme Jacques.

Concernant Roch Denis, nous avons demandé à l'UQAM s'il n'aurait pas été préférable de retenir sa prime jusqu'au dénouement de l'enquête. «On a tout fait pour faire la lumière sur la situation financière de l'UQAM et on a mis en place des procédures pour que de telles dérives ne se reproduisent plus. Quant aux individus, ils ont bénéficié des conditions prévues au protocole pour tous les cadres supérieurs du réseau de l'Université du Québec», a-t-elle dit.

Avec la collaboration de William Leclerc