Malgré la polémique entourant l'abandon de certains points de service automatisés en régions, le président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, estime que le mouvement coopératif assume plus que jamais son rôle de leader socio-économique partout au Québec. C'est au coeur de la mission de l'institution, rappelle-t-il, et c'est un engagement qu'il a pris lorsqu'il a été élu à sa tête, il y a tout juste deux ans.

C'est à Victoriaville que j'ai rendez-vous, tôt vendredi matin, avec Guy Cormier. Le PDG du Mouvement Desjardins réalise une tournée éclair dans le Centre-du-Québec et il m'a invité à l'accompagner pour me présenter des projets concrets que l'institution finance dans le cadre de son mandat de participer activement au développement et au renforcement économique des régions.

Premier arrêt : Inovem, le Centre d'innovation en ébénisterie et meuble du Québec du Cégep de Victoriaville, où une équipe de spécialistes développe des nouvelles technologies pour rendre plus productives et compétitives les entreprises du secteur de l'ébénisterie et de l'ameublement.

Le groupe de formateurs et de chercheurs, sous la direction de l'ingénieur Yves Dessureault, nous fait la démonstration de certaines applications de réalité virtuelle et augmentée qu'elle a adaptées pour la commercialisation des produits des fabricants de meubles et de mobilier de cuisine.

Desjardins a accordé une subvention de 150 000 $ à Inovem pour la réalisation de ce nouveau laboratoire.

Une heure plus tard, je retrouve Guy Cormier à Laurier-Station pour entreprendre la visite de Cétal, une entreprise d'économie sociale qui emploie quelque 160 personnes handicapées pour réaliser des travaux industriels légers de sous-traitance.

Chez Cétal, on procède à l'assemblage de tiroirs pour un fabricant de mobilier de bureau, à l'ensachage de pièces de quincaillerie pour un autre fabricant de meubles en kit, et on réalise tout le câblage du constructeur d'autobus Girardin, de Drummondville.

« On est dans un espace sous-loué et on a une autre usine à proximité. Là, on entreprend la construction d'une usine qui sera deux fois plus grande et qui va nous appartenir », m'explique Stéphane Levac, directeur général de l'organisme sans but lucratif.

BOUGIE D'ALLUMAGE RÉGIONALE

Dans la modeste salle de conférence de Cétal, Guy Cormier se dit particulièrement fier de la subvention de 500 000 $ qu'a accordée Desjardins pour la réalisation du projet de la future usine de l'entreprise d'économie sociale qui nécessitera un investissement de 4 millions.

« C'est un projet emballant qui permet l'intégration au marché du travail de personnes handicapées et qui répond en même temps au problème de pénurie de main-d'oeuvre qui affecte les entreprises en région.

« Notre contribution financière a permis à ce projet de nouvelle usine de prendre forme, et ce sont les dirigeants de Desjardins de la région qui ont poussé pour que l'on s'implique. » - Guy Cormier

Dès son entrée en fonction, il y a exactement deux ans, il a mis sur pied un fonds de 100 millions dans le but de financer durant trois ans des initiatives dans toutes les communautés où Desjardins est présent et bien implanté.

« On a pris cet argent à même les surplus qu'on a réalisés en réduisant notamment nos coûts d'opération. On agit comme bougie d'allumage dans des initiatives qui touchent le monde entrepreneurial, l'éducation, ou qui ont un volet socio-économique comme notre participation de 250 000 $ dans la reconstruction de la salle de spectacle de Petite-Vallée.

« Cétal, c'est la plus grosse subvention que l'on a donnée jusqu'à maintenant », souligne Guy Cormier.

Le Mouvement Desjardins a injecté à ce jour 29 millions en subventions pour la réalisation de 109 projets. Plus de 70 millions seront investis au cours des deux prochaines années.

Ces interventions de la coopérative s'inscrivent dans la poursuite des trois grandes priorités que s'est fixées son PDG, soit la jeunesse, l'entrepreneuriat et les régions.

« On est impliqué dans plus de 350 000 entreprises au Québec, du salon de coiffure au groupe Couche-Tard. On est le principal partenaire financier du monde agricole et des PME », rappelle Guy Cormier.

UNE PRÉSENCE INÉGALÉE DANS UN MONDE CHANGEANT

Le PDG de Desjardins insiste sur le rôle essentiel que joue toujours le mouvement coopératif dans l'ensemble des régions du Québec, malgré les critiques qui lui ont été formulées pour avoir fermé certains points de service automatisés peu utilisés.

« On a toujours 2000 guichets automatiques et plus de 1000 points de service au Québec, et 30 % d'entre eux sont localisés dans des municipalités qui ont des populations de moins de 2000 habitants.

« On est les seuls à faire ça. Les banques ont 200 ou 300 guichets maximum et nous, on en opère plus que toutes les banques réunies », expose Guy Cormier.

La réalité, dit-il, est changeante. Depuis 2010, l'achalandage en succursales et aux guichets a chuté de 40 %. Aujourd'hui, 2 % des transactions se réalisent dans les succursales du groupe et 7 % via les guichets automatiques de son réseau de 2000 appareils.

« Tout se fait aujourd'hui de façon électronique. Je dois arbitrer les habitudes du passé à la réalité de demain. Si on a fermé des guichets, c'est que les chiffres nous démontraient qu'ils n'étaient pas utilisés. »

- Guy Cormier

« On est favorables à mettre en place des initiatives pour nos membres. C'est pour ça qu'on a maintenant deux caisses mobiles qui se déplacent en région et qu'on s'est entendu avec la Fédération des municipalités du Québec pour l'implantation de guichets automatiques qui vont être opérés en collaboration », avance le PDG.

Desjardins va mettre prochainement en service sa nouvelle génération de guichets automatiques, plus intelligents et plus polyvalents. Ces appareils ont une durée de vie utile d'une douzaine d'années.

« C'est pour ça que j'ai dit que je ne savais pas quelle allait être l'utilité des guichets automatiques en 2030. On verra ce que sera leur utilisation, mais je n'ai pas voulu faire une prophétie et affirmer que les guichets allaient disparaître d'ici 10 ans », précise Guy Cormier.

Chose certaine, le dirigeant entend bien poursuivre son rythme de vie qui l'amène à se rendre régulièrement dans toutes les régions du Québec pour y rencontrer les entrepreneurs et les décideurs socio-économiques.

« Depuis que je suis président, j'ai fait 20 discours dans les chambres de commerce partout au Québec. Je fais quatre ou cinq visites en région par mois et je roule 80 000 kilomètres par année », évalue Guy Cormier, soucieux de bien remplir la promesse qu'il a tenue lors de son élection à la présidence de Desjardins.

photo jacques boissinot, collaboration spéciale

Le président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, estime que le mouvement coopératif assume plus que jamais son rôle de leader socio-économique partout au Québec.