Les semaines de travail de Monique Leroux ont beau être déjà passablement chargées, la PDG du Mouvement Desjardins en rajoutera une couche la semaine prochaine en présidant le Sommet international des coopératives qui se déroulera à Québec. Il s'agit de la deuxième présentation de cet événement international qui réunira pas moins de 2800 participants de 93 pays.

À partir de lundi et durant quatre jours, une centaine d'ateliers et de conférences vont être présentés aux participants qui sont tous issus du monde coopératif.

Quelque 200 conférenciers vont animer ces rencontres qui s'articuleront autour de cinq grands thèmes: le développement de l'entreprise coopérative; l'économie, le financement et la capitalisation; l'emploi; la sécurité alimentaire; et les soins de santé et les services à la personne.

«On a jeté les bases de ces rencontres internationales il y a deux ans. Cette année, on veut analyser plus en profondeur les grands défis mondiaux auxquels on fait face, sous l'angle de la coopération», explique Monique Leroux, quelques jours avant le début de cette vaste conférence pour laquelle elle a dû se préparer.

«Je viens de terminer la lecture des 26 études inédites, d'envergure internationale, qui vont être dévoilées durant le Sommet. Je n'ai pas lu tout en détail, mais je suis au courant des grandes lignes», confie la PDG du Mouvement Desjardins.

La Chine et l'Inde présentes

Cette deuxième rencontre internationale du monde coopératif va accueillir quelque 300 participants de plus que lors de la première présentation.

Des délégations de la Chine et de l'Inde viennent s'ajouter et renforcer la présence des économies émergentes, avec la participation notamment des dirigeants de la Banque populaire de Chine et de grandes coopératives agricoles tant chinoises qu'indiennes.

«On a des représentants des secteurs de la finance et des assurances, de l'agroalimentaire, de l'énergie [particulièrement des États-Unis] et du domaine de la santé et de l'économie sociale», précise Monique Leroux.

La présidente et instigatrice de ce forum international rappelle du même souffle que le monde coopératif génère des revenus annuels de 3000 milliards, qu'il emploie 250 millions de personnes et qu'il rassemble 1 milliard de membres ou d'utilisateurs à l'échelle planétaire, ce qui en fait une force économique de premier plan.

«La dernière crise économique et financière a démontré que les coopératives s'en sont mieux sorties que plusieurs autres acteurs économiques, notamment parce qu'on cherche à redéfinir le capitalisme dans une perspective à long terme. On est partisans et promoteurs de la prospérité durable», signale Monique Leroux.

Opportunisme et croissance 

Si le mouvement coopératif s'est globalement mieux tiré d'affaire lors de la dernière crise économique, il a aussi décidé de tirer avantage de cette occasion.

«Chez Desjardins, on a vu cela comme une opportunité de croissance. On n'est pas les seuls. Nos grandes coopératives agroalimentaires Agropur et La Coop fédérée ont elles aussi décidé de capitaliser sur leurs forces», observe la PDG.

Au début de l'année, Desjardins a réalisé l'acquisition de la division canadienne d'assurance générale de State Farm, plus grande mutuelle d'assurances aux États-Unis.

Grâce à cette transaction, Desjardins Assurances va doubler sa taille dans le secteur des assurances de dommages pour occuper le deuxième rang au Canada. La coopérative réalisera maintenant 50% de ses revenus annuels d'assurance à l'extérieur du Québec.

«Cette transaction va nous donner une masse critique importante. Cette masse va nous permettre de mieux gérer nos dépenses, d'optimiser l'utilisation de nos bases de réclamations et de mieux supporter notre développement», constate la gestionnaire.

La transaction avec State Farm devrait être conclue en janvier. Le Mouvement Desjardins s'est adjoint un partenaire financier pour réaliser cette acquisition, le Crédit Mutuel, qui détiendra 10% du groupe.

La mutuelle américaine State Farm, qui se défait de sa division canadienne, s'est engagée par ailleurs à injecter 450 millions pour l'achat d'actions privilégiées sans droit de vote de la filiale d'assurances de dommages de Desjardins.

«Cette transaction va nous permettre de regrouper des compétences puisque State Farm, le Crédit Mutuel et Desjardins vont avoir chacun cinq représentants au conseil d'administration», expose Mme Leroux.

Partenaire financier

La PDG souligne par ailleurs que le Mouvement Desjardins a été un partenaire financier de premier plan d'Agropur et de La Coop fédérée, qui ont multiplié les stratégies de croissance au cours des deux dernières années.

La Coop fédérée est en train de piloter un investissement de plus de 1,6 milliard en vue de l'implantation d'une usine d'urée dans la région de Bécancour. Ce projet industriel d'envergure est réalisé en partenariat avec une coopérative agricole indienne, l'Indian Farmers Fertiliser Cooperative.

Depuis deux ans, Agropur a pour sa part réalisé une série impressionnante d'acquisitions. Après avoir absorbé une dizaine d'entreprises l'an dernier, la coopérative laitière, qui commerciale la marque de yogourts iögo, a poursuivi la tendance en 2014, rachetant des usines de transformation laitière dans l'Ouest canadien, dans les Maritimes et aux États-Unis.

«On est le partenaire financier de ces deux grandes coopératives et c'est notre rôle de les soutenir. On est aussi l'institution qui a financé depuis les tout débuts le développement international du Cirque du Soleil», rappelle la PDG, qui devra jongler toute la semaine pour arriver à respecter son agenda.