En affaires comme au golf, Julie Roy, PDG de Services Ménagers Roy, vise loin. Dans les deux cas, ça fonctionne. Notre chroniqueur Jean-Philippe Décarie l'a reçue sur son terrain de golf de prédilection.

Julie Roy ne le cache pas. Elle voit grand pour l'entreprise qu'a fondée son grand-père il y a 60 ans et que son père a dirigée durant près de 40 ans. «C'est sûr que je veux assurer la pérennité de l'entreprise, mais je veux aussi l'amener plus loin. On a une réputation que l'on a bâtie depuis 60 ans et notre intention est maintenant de consolider le marché», avance la PDG.

Julie Roy est depuis maintenant un an à la tête de Services Ménagers Roy (SMR), entreprise spécialisée dans l'entretien d'immeubles et les services après sinistre.

Elle succède à son grand-père, Guy Roy, qui a fondé SMR il y a 60 ans, et à son père, Jean-Yves, qui l'a fait croître et l'a modernisée au cours des quatre dernières décennies.

Diplômée en administration et titulaire d'une maîtrise en finances, Julie Roy s'est jointe à l'entreprise familiale en 2000 à titre de directrice des ressources humaines. Le groupe comptait alors un millier d'employés; ils sont 1500 aujourd'hui.

«J'ai toujours su que j'allais travailler pour l'entreprise familiale. Quand j'étais jeune, mon grand-père m'amenait faire la tournée des clients et, à partir de 15 ans, j'y ai souvent travaillé durant les étés», se rappelle la PDG.

En poste depuis un an, elle caresse des projets d'expansion pour son groupe qui occupe la deuxième place des firmes spécialisées dans l'entretien des immeubles au Québec, derrière l'entreprise GDI Services, qui est présente à l'échelle canadienne.

«Mon grand-père a débuté en offrant des services d'entretien aux communautés religieuses, puis il a obtenu un premier gros contrat à l'hôpital Saint-Charles-Borromée et aux collèges Jean-Eudes et Jean-de-Brébeuf.

«On a beaucoup développé le secteur de l'éducation. Aujourd'hui, l'Université de Montréal est notre plus important client avec 130 de nos employés répartis sur l'ensemble de ses pavillons.

«On s'occupe aussi de l'Université de Sherbrooke, de nombreux cégeps, des polyvalentes. Le secteur institutionnel représente 50% de nos revenus», souligne Julie Roy.

Services Ménagers Roy est aussi bien présente dans l'entretien des immeubles de bureaux, où elle s'occupe des édifices de la Banque Nationale, de Manuvie et de la Place Dupuis. Au total, l'entreprise compte plus de 300 clients au Québec.

Une industrie qui évolue

Les services d'entretien ménager ont évolué, et SMR s'est adaptée à la réalité changeante en mettant sur pied son département de recherche et développement où l'on teste tous les équipements, qui se perfectionnent sans cesse, et les nouveaux produits nettoyants.

«On utilise exclusivement des produits biodégradables depuis longtemps déjà, ce qui fait que les 425 000 usagers des immeubles que l'on entretient ne respirent plus de vapeurs toxiques», relève fièrement Julie Roy.

Depuis 1975, les travailleurs du secteur de l'entretien sont tous syndiqués, et les conditions de travail sont régies par décret.

«Cela ne nous a jamais empêchés de progresser. C'est mon père qui a participé à la première négo en 1975. Nos employés font des salaires qui leur permettent de gagner leur vie. Ce ne sont pas des emplois au salaire minimum», souligne-t-elle.

Le département des ressources humaines est d'ailleurs passablement occupé puisque l'entreprise reçoit en moyenne 2000 CV par mois et embauche à un rythme mensuel de 40 nouveaux employés.

«Il y a beaucoup d'embauches saisonnières, mais, depuis deux ans, on a réduit le taux de roulement de notre main-d'oeuvre de 38% à 13%. On a beaucoup resserré les critères qualitatifs dans la sélection.

«On forme bien nos employés et on vise à être reconnus d'ici quelques années comme le meilleur employeur au Canada. Nos employés sont notre richesse puisque ce sont eux qui assurent un service de qualité à nos clients», observe Julie Roy.

Les défis de l'avenir

Depuis un an, Julie Roy a entrepris d'alléger la structure de direction de l'entreprise. Le départ à la retraite de fidèles collaborateurs de son père lui permet de réduire notamment la taille du comité de direction.

«Mais il faut aussi s'assurer de bien réaliser la transition. On fait beaucoup de formation pour que les baby-boomers qui partent transmettent bien leurs connaissances, les processus qu'ils ont développés. Ça aussi, c'est une richesse qui doit se transmettre», souligne la PDG.

Depuis 2006, SMR a développé sa division de services après sinistres en s'associant avec la firme GUS (Groupe Urgence Sinistre), en réalisant l'acquisition de firmes dans ce secteur d'activité et en ouvrant ses propres bureaux.

Aujourd'hui, SMR a des activités de services après sinistre - à Montréal, Granby, Valleyfield, Blainville, Vaudreuil et Châteauguay - qui génèrent plus de 10% de son chiffre d'affaires annuel de 60 millions de dollars.

Pour sa présidente, les vecteurs d'expansion sont multiples, ce qui la motive à envisager l'avenir avec confiance.

«Moi, je veux acheter et faire grossir l'entreprise. Le financement n'est pas un problème, nos banquiers nous aiment beaucoup. Une chose est sûre: vendre ne sera jamais une option. Moi, je suis chanceuse, j'achète», prévient Julie Roy avec la même «drive» qu'elle affiche sur un terrain de golf.

Elle «drive» en affaires comme au golf

J'aurais préféré que ma partenaire de golf partage le même tertre de départ que moi. En s'élançant des rouges, avec un avantage de quelques verges par rapport à ma position de départ, Julie Roy m'a devancé sur la grande majorité des trous.

Il n'est pas question ici de trafiquer la réalité. Julie Roy m'a presque systématiquement «outdrivé» durant notre ronde de golf. Il faut dire que La Presse Affaires la recevait sur le terrain de la Vallée du Richelieu où elle est membre depuis toujours...

Je suis bon joueur, mais n'empêche... La situation a dégénéré lorsque Julie Roy a pris ses courriels, entre deux trous, et qu'elle a appris que le Groupe SMR venait de remporter la soumission pour le contrat d'entretien du Cégep de Saint-Laurent.

Elle s'est installée au départ, avec un large sourire, et a expédié la balle à plus de 230 verges. Même en frappant du tertre des femmes, je ne suis pas sûr que je l'aurais rattrapée.