Il a beau avoir développé à la vitesse grand V son réseau pancanadien de 2200 restaurants, Stanley Ma, PDG de MTY, n'a jamais voulu précipiter son entrée dans le marché de la restauration rapide aux États-Unis.

Il est maintenant prêt à réaliser le grand coup, mais il veut le faire de façon ordonnée en minimisant le plus possible les risques. Il est vrai que le spécialiste des foires alimentaires commence aussi à se sentir à l'étroit dans le marché canadien.

Le groupe d'alimentation MTY a fait parler de lui, la semaine dernière, lorsqu'il a annoncé la conclusion d'une entente avec la société Extreme Brandz, de Toronto, pour acquérir les 305 restaurants Extreme Pita et Mucho Burrito qu'exploite le groupe au Canada et aux États-Unis.

«Ça fait longtemps que je dis que je veux entrer aux États-Unis, et l'acquisition d'Extreme Brandz nous offre une occasion en or. La chaîne de restaurants est d'abord bien gérée, elle est profitable et elle va générer des revenus annuels additionnels de 103 millions.

«Lorsque la transaction sera complétée en septembre, on va mettre à contribution le groupe d'opérateurs américains qui exploitent les 40 restaurants aux États-Unis et on va les faire participer au développement de notre chaîne à partir de leur bureau de Scottsdale, en Arizona», explique Stanley Ma.

Des débuts bien modestes

Originaire de Hong Kong, M. Ma a immigré à Montréal en 1968. En 1979, il ouvre un restaurant chinois à Laval, Le Paradis du Pacifique, qui devient rapidement très populaire.

En 1983, il y a tout juste 30 ans, Stanley Ma ouvrait son premier comptoir de restauration rapide sous la bannière Tiki-Ming dans une foire alimentaire d'un centre commercial.

C'est ce premier comptoir qui a donné naissance au groupe MTY qui exploite aujourd'hui 2200 restaurants sous 22 bannières, dont Sushi-Shop, Thaï Express, Mr. Sub, Taco Time ou Valentine. Près de la moitié des bannières de MTY sont des créations du groupe; les 12 autres ont été acquises au fil des ans.

À l'exception d'une vingtaine de sites, tous les restaurants de MTY sont exploités en franchise. Le concept de comptoir de foires alimentaires regroupe plus de 600 restos rapides, plus de 800 restaurants ont pignon sur rue, et plus de 500 établissements sont gérés en cofranchises.

Réaliser une démarche crédible

Avec 2200 restaurants au Canada, MTY a passablement consolidé le marché, bien que Stanley Ma prévoie le lancement de deux nouveaux concepts de restos au cours des prochaines années.

Même s'il caresse depuis longtemps le rêve de percer le marché américain, l'entrepreneur était bien conscient de l'ampleur du défi.

«C'est le plus gros marché du monde. Ils ont des chaînes bien établies qui dépensent des fortunes en campagnes de marketing. On ne peut pas se battre contre elles, il faut trouver notre niche, et l'acquisition d'Extreme Brandz va nous permettre de développer le marché américain avec des gens qui le connaissent de l'intérieur», évalue-t-il.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Stanley Ma n'est pas téméraire et il voulait limiter au maximum les facteurs de risque d'une expansion américaine.

«Notre équipe en Arizona va nous aider à bien saisir les occasions de marché. C'est certain que nos franchises telles que Sushi-Shop et Thaï Express peuvent se faire une place aux États-Unis. On voulait réaliser une démarche crédible et là, on est en position de le faire», soumet-il.

Chose certaine, M. Ma est un redoutable opérateur et sa feuille de route le démontre de façon éloquente. Le groupe MTY réalise des ventes annuelles de 680 millions, et la transaction de 45 millions - la plus importante de son histoire - qu'il vient d'annoncer va être financée en grande partie avec ses liquidités.

«La marge moyenne de nos restaurants est de 42%. Certains investisseurs se demandent si on n'exploite pas en fait une entreprise de haute technologie», souligne-t-il en riant.

«On suit les opérations de près. Chaque heure du jour, je peux voir l'état de nos ventes par magasin et le comparer à celui des autres années ou de la semaine précédente.»

Éradiquer l'échec

MTY affiche un taux d'échec fort respectable de 2%, soit le pourcentage de restaurants qui n'atteignent pas le seuil de rentabilité requis.

S'il s'agit d'un taux bien inférieur à la moyenne de l'industrie, Stanley Ma et son équipe mettent beaucoup d'efforts pour le ramener à 1%. «Deux pour cent, c'est trop pour moi. C'est une distraction à laquelle on pense tout le temps. Ça prend de l'énergie pour rien, ce n'est pas constructif», constate-t-il.

En 30 ans, seuls 2 concepts de restaurants ont été éliminés. Une bannière de poulet frit et une autre de café. Stanley Ma préfère regarder vers l'avenir avec ses concepts qui marchent.

Il prévoit ainsi que les 305 restaurants du groupe Extreme Brandz qu'il va acquérir en septembre vont doubler au cours des 5 prochaines années tout en ouvrant la porte de l'aventure américaine.

«Pour avoir du succès en affaires, il faut travailler fort. Je ne dis pas que le seul fait de travailler fort est un gage de réussite en affaires, mais une chose est certaine: si tu ne travailles pas fort, tu ne réussiras pas», observe, avec une sagesse toute chinoise, le routier de la restauration.