Les banques ont beau multiplier les produits et services qu'elles offrent aux consommateurs et  les rendre disponibles sur le plus grand nombre de plateformes possible, leur rôle restera toujours le même, estime Bill Downe, PDG de BMO Groupe financier. «Les banques doivent répondre à quatre préoccupations fondamentales de leur clientèle en exécutant le mieux possible leurs quatre principales fonctions.»

Même s'il a travaillé durant plus de 20 ans à la division Marchés des capitaux de BMO Groupe financier, principalement du côté américain à Los Angeles, Houston, Denver et Chicago avant de prendre la direction de la Banque de Montréal en 2007, Bill Downe connaît bien les activités de détail de la banque qui constituent, selon lui, la base du métier.

«Que ce soit au Canada ou aux États-Unis, les préoccupations des gens sont les mêmes. Ils veulent élever leurs enfants, leur assurer une bonne éducation, avoir accès à des soins de santé et pouvoir préparer leur retraite.

«Et il y a justement quatre grandes choses que nous, les banques, faisons. On est là pour aider les gens à contrôler leurs dépenses, faire fructifier leur épargne, emprunter intelligemment et investir à long terme en prévision de leur retraite. C'est ça, la base de notre métier et c'est ça qu'il faut bien faire, peu importe le marché auquel on s'adresse», résume le PDG.

Comme la plupart des banques canadiennes, BMO Groupe financier a considérablement élargi, au cours des 30 dernières années, sa présence à l'étranger en développant notamment une importante activité de détail aux États-Unis et en ouvrant des bureaux de représentation dans plusieurs villes chinoises.

En Chine, la Banque de Montréal est la seule institution canadienne qui détient une certification lui permettant d'ouvrir des succursales et d'exploiter un réseau pour les particuliers.

«Si tu veux que ton entreprise progresse, tu dois sortir de tes marchés traditionnels. Parce que c'est certain que des concurrents étrangers vont venir courtiser ta clientèle domestique. Il faut bien agir localement pour bien répondre aux besoins des clients, mais il ne faut pas penser local», précise Bill Downe.

BMO Groupe financier a patiemment établi sa présence aux États-Unis en acquérant d'abord la Harris Bank de Chicago en 1984, puis la banque Marshall&Ilsley en 2011. Le groupe dispose aujourd'hui d'un réseau de 670 succursales dans le Midwest américain, où il est la principale banque régionale.

Des objectifs ambitieux

La forte concentration de la Banque de Montréal dans la région des Grands Lacs est un atout de taille que Bill Downe veut exploiter à fond.

«Notre présence dans six États du Midwest et dans les deux plus importantes provinces canadiennes, le Québec et l'Ontario, nous donne accès à un bassin de population de 74 millions de personnes. Le produit intérieur brut de ce bassin est deux fois plus gros que le PIB du Canada tout entier», souligne-t-il.

«C'est pourquoi j'estime que la Banque de Montréal est en mesure d'aller chercher un million de nouveaux clients chaque année dans cette seule région des Grands Lacs», laisse tomber le PDG de BMO Groupe financier.

Bill Downe estime qu'il est possible de remplir cette commande audacieuse en recrutant de façon systématique les nouveaux arrivants et en portant une attention particulière aux jeunes adultes qui arrivent sur le marché du travail ainsi qu'aux jeunes familles qui veulent s'acheter une maison.

«La génération Y - les personnes qui sont nées entre 1980 et 2000 - constitue un marché très important. Même dans une économie qui fonctionne au ralenti, on assiste à une forte augmentation des nouveaux ménages.

«Leur comportement est différent de celui des baby-boomers. Ils réalisent l'acquisition d'une première maison plus tard qu'on ne le faisait. Ils ont tendance à attendre la fin de la vingtaine.

«On entre présentement dans ce cycle d'achat de première maison, et il va durer pour au moins les 7 à 10 prochaines années», anticipe le PDG.

Refroidir le marché immobilier

La Banque de Montréal a fait les manchettes, il y a deux mois, lorsqu'elle a proposé au public un taux hypothécaire fermé de 5 ans à 2,9% pour un prêt amorti sur 25 ans.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a mal accueilli ce taux d'appel agressif en disant craindre qu'il déclenche une guerre de taux hypothécaires qui allait inutilement gonfler la bulle spéculative immobilière, déjà passablement à bout de souffle.

La Banque de Montréal a retiré sa promotion il y a un mois, et Bill Downe affirme ne pas tenir rigueur au ministre Flaherty ou au gouverneur sortant de la Banque du Canada, Mark Carney, qui tous deux ont multiplié, depuis deux ans, les mises en garde face aux dangers qui menacent les ménages canadiens surendettés.

«Le ministre et le gouverneur de la Banque du Canada avaient raison de vouloir refroidir le marché immobilier canadien. C'est vrai qu'il y avait un danger d'emballement et c'est pourquoi on insiste depuis 2011 pour que nos clients contractent des hypothèques avec un terme maximal de 25 ans.

«Notre promotion d'un taux à 2,9% pour un prêt fermé de 5 ans visait justement à donner confiance à nos clients qui pouvaient mieux prévoir leurs dépenses pour les 5 années à venir. On n'a jamais été favorable aux hypothèques de 40 ans qui forcent les ménages à traîner une dette durant une période beaucoup trop longue de leur vie», fait valoir le PDG.

La Banque de Montréal a haussé deux fois son dividende au cours de la dernière année, et Bill Downe ne cache pas une certaine fierté en rappelant que sa banque a versé systématiquement un dividende chaque année depuis les 184 dernières années. «On est la plus vieille entreprise au Canada à verser un dividende de façon ininterrompue», précise-t-il.