Le mois de juin marquera une étape importante dans la vie de Pierre Beaudoin qui célébrera alors sa cinquième année comme PDG de Bombardier, entreprise fondée par son grand-père.

Durant le même mois se déroulera le vol inaugural de la toute nouvelle génération d'appareils commerciaux CSeries, projet qu'il a initié à l'époque où il était président de Bombardier Aéronautique et qu'il a officiellement lancé il y a cinq ans.

Bombardier est devenue au fil des ans la plus importante multinationale industrielle québécoise. Présente dans une trentaine de pays où elle exploite plus de 70 usines avec un effectif de 72 000 employés, elle est le plus important fabricant de matériel de transport sur rail et le troisième fabricant d'avions du monde.

«La diversité, c'est ce que j'aime de mon travail. J'aime les produits techniques, les procédés d'ingénierie complexes et les enjeux technologiques. Tout comme j'apprécie beaucoup établir des stratégies pour résoudre des enjeux commerciaux et tout ça, à l'échelle de la planète.

«Là, on vient de travailler sur la CSeries durant cinq ans pour créer un tout nouveau produit qui aura une durée de vie de production d'au moins 20 ans. Il faut partir en définissant clairement une stratégie pour gagner», explique Pierre Beaudoin.

Bombardier, qui a des clients dans bien des pays - tant dans le secteur du rail que dans celui de l'aéronautique -, a été obligée de diversifier géographiquement l'implantation de ses usines ou ses alliances avec des fournisseurs stratégiques.

«On essaie toujours de maximiser notre présence internationale en profitant des chaînes de valeur qu'on établit aux quatre coins du monde.

«Ainsi, pour la réalisation de deux gros contrats de wagons de métro pour New York et San Francisco et malgré la contrainte de 60% de contenu américain, on a mis nos usines mexicaines et chinoises à contribution tout comme notre centre de design de Saint-Bruno», expose le PDG.

Il y a un an, jour pour jour, Bombardier inaugurait une nouvelle usine de fabrication de véhicules monorail à Sao Paulo, au Brésil, où elle assemble 378 wagons pour la mégapole brésilienne. Cette usine desservira maintenant tout le marché de l'Amérique du Sud.

«On s'implante là où les marchés sont porteurs. Au Brésil et en Amérique du Sud, il y a des besoins énormes pour le transport collectif.

«Ça fait 20 ans qu'on est installés en Chine. On est rendus avec 4000 employés dans le secteur ferroviaire, mais il faut savoir que, d'ici 15 ans, 100 nouvelles villes de plus de 1 million d'habitants vont voir le jour en Chine. Ça va en prendre, des trains, pour desservir tout ce monde-là», constate Pierre Beaudoin.

Cette forte et longue présence de Bombardier en Chine a d'ailleurs valu à Pierre Beaudoin de rencontrer en tête-à-tête, en février, le nouveau premier ministre de la Chine, Li Keqiang, quelques jours avant son assermentation officielle.

«J'ai été le premier PDG occidental à rencontrer le nouveau premier ministre. C'est lui qui m'a invité pour me dire qu'il respectait beaucoup Bombardier et qu'il nous souhaitait beaucoup de succès dans nos projets futurs», relate, étonné lui-même, Pierre Beaudoin.

Depuis le début de l'année, le PDG de Bombardier s'est déjà rendu deux fois en Chine et il y retournera au moins trois autres fois en 2013.

Tout comme il se rend de plus en plus fréquemment en Afrique, où Bombardier a récemment ouvert au Maroc une usine dans le secteur de l'aéronautique qui fabrique des composantes pour son usine Short, en Irlande.

«J'arrive de l'Éthiopie et du Nigeria, et on constate bien que l'Afrique est en plein essor, mais qu'elle est très mal desservie au chapitre du transport, tant aérien que ferroviaire», souligne-t-il.