De toutes les banques canadiennes, la Banque Scotia est l'institution au plus fort rayonnement international. Présente dans 55 pays, la Scotia ne compte toutefois que 59 succursales au Québec. Une sous-représentation que Carole Chapdelaine, première vice-présidente, Région Québec et est de l'Ontario, entend bien corriger en procédant à l'ouverture de 40 nouvelles succursales au cours des quatre prochaines années.

Carole Chapdelaine est en poste depuis septembre dernier comme première lieutenant de la Banque Scotia au Québec et dans l'Est de l'Ontario où elle supervise les opérations de 129 succursales.

Petite particularité, Carole Chapdelaine a accepté ce poste à la troisième banque au pays après avoir mené une carrière de 26 ans à la Banque Royale

«J'avoue que c'est un peu particulier. Je pensais terminer ma carrière à la Banque Royale, mais je ne pouvais pas refuser le défi que m'offrait la Banque Scotia. Mais le processus de décision a ressemblé à un divorce», explique la gestionnaire.

«Il y a eu les coups de fil et les rencontres secrètes. Le questionnement: « Qu'est ce que je fais là? « On ne veut pas quitter puis on prend la décision et c'est la lune de miel», image-t-elle en riant.

«J'ai occupé plusieurs postes emballants chez RBC. J'ai été à Toronto durant trois ans responsable du repositionnement du portefeuille des dépôts personnels de la banque. C'était gros, 31 milliards.

«Mais à la Scotia, on me demande d'être en charge d'un marché, de faire du développement. C'est un défi stimulant et c'est ce que j'ai toujours voulu faire. On doit augmenter la présence de la Banque au Québec, c'est un marché que la Banque veut développer», insiste Carole Chapdelaine.

Une présence à construire

Il faut dire que la Banque Scotia part de loin. Avec seulement 59 succursales au Québec, regroupées dans la région de l'Outaouais, de Montréal et de Québec et une 60e qui ouvrira prochainement à Saint-Jérôme, la Scotia n'a que 3,5% de parts du marché québécois des services bancaires aux particuliers.

«C'est sur que le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale dominent au Québec. Ils ont plus de 60% du marché et les cinq autres grandes banques canadiennes se partagent le reste», expose Mme Chapdelaine.

Mais, selon elle, il y a tout de même place à développement dans les marchés à forte croissance que la Scotia avait ironiquement délaissés lorsqu'elle a vendu, en juillet 2000, 40 de ses succursales québécoises en région à la Banque Laurentienne. Ce qui prouve que le temps peut nous faire changer d'idée.

«Là, on a décidé de revenir dans des marchés qui sont sous-représentés et où on anticipe 25 années de croissance économique. Le marché de Sept-Îles par exemple est mal desservi en termes de nombre de succursales bancaires.

«À Sherbrooke, on songe à ouvrir une succursale avec toute la panoplie de services financiers qui chapeautera des plus petites succursales, comme à Magog», expose Carole Chapdelaine.

Selon la gestionnaire, l'expansion projetée par la Scotia est d'autant plus réalisable que les deux acteurs majeurs au Québec, Desjardins et la Nationale, sont en mode consolidation. Les deux institutions ferment davantage de succursales qu'elles en ouvrent de nouvelles, souligne Mme Chapdelaine.

«On a choisi nos régions qui ont un potentiel de croissance et il nous reste à trouver les emplacements où on veut être, dans des quartiers où il y a encore de la construction immobilière. Beaucoup de jeunes familles choisissent la Scotia, ça fait partie de notre image, de notre branding», soumet-elle.

Un bataillon de femmes

Carole Chapdelaine est la dernière femme en lice à occuper un poste de commande dans une institution financière québécoise. Elle vient en quelque sorte gonfler l'impressionnant bataillon de femmes qui dirige le monde de la finance au Québec.

Après une carrière de 26 ans à la Banque Royale, Carole Chapdelaine a remplacé Diane Giard qui était responsable des activités de la Scotia dans l'est ontarien et au Québec.

Après avoir été promue au poste de première vice-présidente, Expérience client et stratégie de la Scotia, Mme Giard a changé de camp pour se joindre à la Banque Nationale, elle aussi en septembre dernier, à titre de première vice-présidente à la direction, Marketing, puis à la direction, Particuliers et entreprises.

Une autre femme, Micheline Martin, a été durant des années et jusqu'à tout récemment présidente, Direction du Québec, de la Banque Royale, et c'est une autre femme, Christine Marchildon, qui est le grand patron de la Banque TD pour le Québec. C'est sans compter Monique Leroux qui préside les destinées du Mouvement Desjardins, la plus importante institution financière québécoise.

«Le nombre de femmes qui sont dans des postes de commande, c'est vraiment un phénomène particulier au Québec. On dirait qu'il y a une plus grande ouverture d'esprit ici. À la Scotia, sur huit vice-présidents régionaux, on est seulement deux femmes. À la Banque Royale, Micheline Martin était une des trois femmes sur les huit vice-présidents régionaux», observe Carole Chapdelaine qui constate l'avant-gardisme du milieu financier québécois.