À 11 ans, il a fait la déclaration solennelle à sa mère qu'il allait un jour avoir sa propre firme de jeux vidéo. À 16 ans, il immatricule le nom Beenox au registre des entreprises et, à 17 ans, il l'incorpore officiellement. Il n'a pourtant pas d'entrepriseet pas plus d'employés. «Toute ma vie, j'ai été convaincu que je lancerais ma firmede jeux vidéo et je l'ai fait», résume bien simplement Dominique Brown.

Cette passion entrepreneuriale dévorante n'est pas près de s'apaiser. Elle continuera d'habiter Dominique Brown tant et aussi longtemps que Beenox n'aura pas réussi à produire un jeu vidéo original qui s'imposera dans le monde entier.

«Il faut que l'on réalise un jeu signature qui va associer Beenox dans la tête de tous les gamers de la planète. C'est le défi qu'on s'est imposé et on va le réaliser», insiste l'entrepreneur de Québec.

Il faut toutefois préciser ici que Beenox occupe déjà une place enviable dans l'univers des jeux vidéo. La société est la plus importante firme de conception et de développement de jeux vidéo dans la ville de Québec.

Elle emploie sur une base régulière plus de 370 personnes qui travaillent sur six étages d'un immeuble du quartier Saint-Roch qui a été construit spécifiquement pour ses besoins. L'été, avec l'embauche d'étudiants qui viennent tester ses nouveaux produits, les effectifs dépassent les 500 employés.

Beenox a conçu et réalisé les jeux de la franchise Spider-Man: Shattered Dimensions et Edge of time. Un troisième jeu est en préparation, The Amazing Spider-Man, qui sera lancé l'été prochain en même temps que sortira le nouveau film dans les salles de cinéma.

La société a aussi réalisé et développé le jeu Bee Movie qui accompagnait le film du même nom qu'ont produit les studios DreamWorks de Stephen Spielberg.

«Les gens de chez DreamWorks et Jerry Seinfeld - le comédien et scénariste - ont été vraiment impressionnés quand on leur a présenté le produit final. Ç'a été une excellente carte de visite pour Beenox», souligne Dominique Brown.

Une volonté de grandir

Beenox est un mot qu'a inventé Dominique Brown alors qu'il s'ennuyait pendant un cours de chimie au secondaire.

«J'écrivais des mots aléatoires dans un cahier et j'ai décidé de garder Beenox pour désigner l'entreprise que je voulais créer. Je n'ai jamais aimé l'école. J'ai fait un an au cégep de Sainte-Foy en programmation informatique et j'ai été renvoyé en raison de la pauvreté de mes résultats scolaires.

«Je suis resté à la maison à faire de la programmation puis je me suis joint à la firme MegaToon. Je faisais de la programmation et de l'intégration pour les PlayStation jusqu'à ce que MegaToon décide de déménager à Montréal.

«En mai 2000, à 19 ans, j'ai finalement lancé Beenox et j'ai recruté quatre collègues de MegaToon. J'avais développé chez moi un logiciel pour créer soi-même ses propres jeux vidéo. J'ai emprunté de l'argent autour de moi et à Investissement Québec et on a finalisé ce projet», rappelle le jeune entrepreneur.

Dès les débuts de Beenox, la firme s'emploie à développer des applications de jeux pour la plateforme Mac. Une entreprise du Texas lui donne le mandat de développer l'environnement en 3D d'un jeu de course d'autos.

«Steve Jobs l'a tellement aimé qu'il l'a installé sur tous les eMac qui étaient mis sur le marché. Durant cinq ans, on a fait beaucoup de conversion de jeux vidéo pour les Mac. On est devenu le fournisseur d'Activision qui était le numéro deux mondial des jeux vidéo», explique Dominique Brown.

Cette collaboration avec Activision va s'intensifier au point où le géant américain a voulu que Beenox devienne son fournisseur exclusif. En 2005, Dominique Brown accepte de vendre Beenox à Activision à la condition que la firme québécoise devienne elle-même un développeur de jeux vidéo.

«Moi, ce que j'ai toujours voulu faire, c'était de faire des jeux vidéo. Activision nous donnait la possibilité de développer des jeux de console, ce que je n'aurais jamais pu faire sans leur aide. Vendre l'entreprise ne m'a pas brisé le coeur.

«On était 30 à l'époque, on est 370 aujourd'hui. On est aujourd'hui un gros développeur de jeux vidéo et il nous reste plus qu'à sortir le jeu qui va nous permettre de conquérir le monde», anticipe-t-il bien humblement.