Après l'obtention de son diplôme en génie industrie de l'École Polytechnique de Montréal, Jacques Bernier part en vacances pour un mois avec son «grand chum». But de l'exercice: décider s'il entreprendra une carrière d'ingénieur ou... de boxeur.

Il finira par choisir la voie de l'entrepreneuriat. «Mais la boxe, ça a été sérieux dans ma vie», dit-il.

C'est à 17 ans que Jacques Bernier découvre ce qui demeure aujourd'hui une grande passion pour lui. À l'époque, il vient de connaître une spectaculaire poussée de croissance et rêve de se tailler une place parmi les poids-lourds.

«Le corps n'a pas suivi, explique-t-il. L'ossature est restée ce qu'elle est maintenant; j'étais à la limite des mi-lourds et des poids-lourds.»

Si Jacques Bernier n'a jamais eu une carrière de boxeur, il a tout de même trouvé le moyen d'utiliser le sport pour faire progresser sa vie professionnelle.

«La boxe m'a servi énormément dans ma carrière, dit-il. Pas pour casser des gueules – c'est plutôt l'inverse. Curieusement, les gens associent la boxe à l'agressivité. Mais la seconde où tu perds le contrôle de toi-même, tu es fini.»

Aujourd'hui encore, il saute régulièrement dans l'arène pour boxer avec des partenaires d'entraînement. «La boxe nous apprend à faire nos devoirs. En boxe, tu as beau être le meilleur et avoir plus de talent, il suffit d'un coup de poing pour tout arrêter. Alors si tu es mal préparé...»

Cet accro du risque avoue carburer à une autre «drogue»: la course automobile. Après des courses de formule 2000 qui l'ont mené du championnat québécois à la Californie, Jacques Bernier est à l'aube de la trentaine quand il déniche un commanditaire qui accepte de l'endosser pour le championnat canadien.

«Le rêve, raconte-t-il. J'ai regardé les courses en Europe et je me suis choisi le meilleur châssis. Puis le meilleur moteur. J'avais la meilleure équipe canadienne. C'était drôlement bien aligné.»

À la dernière minute, catastrophe: son commanditaire lui fait faux bond. Jacques Bernier doit céder son siège. Et celui qui le prend remporte le championnat canadien. «Est-ce que j'aurais eu le talent pour le faire moi aussi? Je ne le sais pas. Mais les conditions étaient là.»

«La course, c'est comme la boxe: tu es toujours on the edge, dit-il. Ça correspond bien avec mon profil d'entrepreneur en technologie. Je ne me verrais pas partir des magasins de souliers...»