Pris au milieu du tir croisé des tarifs commerciaux lancés par l'administration Trump, BRP a inauguré hier une usine complètement modernisée qui, espère son président, l'aidera à sortir indemne de ce champ de bataille.

« Il y a beaucoup de pièces qui bougent, mais présentement, c'est gérable », a dit le grand patron de BRP, José Boisjoli, qui s'est entretenu avec La Presse du contexte commercial difficile pour la multinationale.

Le prix des matières premières a augmenté depuis l'imposition des tarifs par les États-Unis sur l'acier et l'aluminium. BRP en souffre, mais pas plus que ses compétiteurs, explique José Boisjoli

Si d'autres tarifs devaient frapper le secteur automobile du Canada et du Mexique, BRP pourrait être encore plus touché, reconnaît son président. « Je ne me réveille pas la nuit à cause de ça, mais quand je me réveille, j'y pense », dit-il.

Avec ses activités de fabrication au Canada, au Mexique et en Europe, BRP pourrait recevoir des coups de toutes parts.

« Au début, on a commencé à faire des scénarios pour réaliser qu'il y a tellement de choses qui pourraient changer que ça ne donne rien de faire des plans A, B ou C. On a arrêté de travailler là-dessus. » - José Boisjoli

En attendant de savoir ce qui va arriver à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), José Boisjoli suit son plan de match et choisit l'optimisme. « On est très près des négociations et on est convaincus qu'en fin de compte, le bon sens va prévaloir », dit-il. 

Si l'ALENA devait disparaître, il croit que les gouvernements donneront un certain temps aux entreprises pour s'ajuster aux changements.

C'est d'ailleurs avec l'objectif de la rendre plus flexible que BRP a modernisé son usine de Valcourt, là où tout a commencé pour Bombardier et où BRP poursuit la route tracée par son fondateur. 

BRP a investi 118 millions de dollars à Valcourt pour en faire une usine ultramoderne qui peut maintenant construire des Ski-Doo et des Spyder avec le même équipement, dans le même espace, avec seulement quatre heures de battement pour passer d'une production à l'autre.

De janvier à mai, l'usine construit des Spyder et le reste de l'année, des motoneiges. L'usine vouée auparavant aux Spyder est devenue un centre de logistique.

Les travaux, terminés à 80 %, ont été réalisés sans aide gouvernementale et sans interruption de production, ce dont José Boisjoli est très fier. « Vous savez ce que c'est, faire des rénovations dans une maison, alors vous imaginez ce que ça peut être dans une usine qui produit des véhicules », a-t-il lancé devant le parterre d'invités conviés pour l'occasion.

BRP en bref

Chiffres d'affaires : 4,5 milliards

Ventes 

Au Canada : 18 %

Aux États-Unis : 51 %

Dans le reste du monde : 30 %

Nombre total d'employés : 10 000

Principaux produits : Ski-Doo, Sea-Doo, Can-Am, Spyder