Le nouveau tarif de 10 % imposé sur le whisky américain pourrait contraindre les amateurs de bourbon à délier les cordons de leur bourse, tandis que les distillateurs canadiens craignent que cette décision politique les expose à des représailles.

Ottawa a confirmé vendredi que le whisky figurait sur la liste finale de produits américains sujets à des tarifs de rétorsion dès le 1er juillet, en réponse à ceux imposés par Washington sur l'acier et l'aluminium canadiens.

Cette annonce était à la fois politique et symbolique, car taxer le whisky frappe le Kentucky, l'État représenté par le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, et aussi le coeur d'un produit distinctement américain en plein essor à l'échelle mondiale.

Toute hausse des prix pourrait inciter certains consommateurs canadiens à se tourner vers une eau-de-vie produite de ce côté-ci de la frontière - une boisson qui gagne elle aussi en popularité à l'international avec, entre autres, l'attribution du prestigieux titre de « Wolrd Whisky of the Year » à un whisky canadien en 2016, le Crown Royal Northern Harvest Rye.

Les distillateurs canadiens craignent néanmoins que ces nouveaux tarifs incitent le président américain Donald Trump à répliquer en frappant leur industrie, au moment même où les Américains semblent adopter le goût plus léger des mélanges d'ici.

D'éventuels tarifs sur les whiskys canadiens « pourraient être assez dévastateurs », estime Davin de Kergommeaux, auteur du livre Canadian Whisky : The Portable Expert, car les États-Unis constituent leur plus grand marché.

Quant aux Canadiens amateurs de bourbon, ils pourraient se voir refiler la facture des nouveaux tarifs imposés aux producteurs du Kentucky et du Tennessee.

Le producteur de Jack Daniel, Brown Forman, a déjà annoncé une hausse de 10 % de ses prix au sein de l'Union européenne en raison du nouveau tarif douanier de 25 % qui lui a été imposé par cette dernière, en riposte à l'élan protectionniste de la Maison-Blanche.

L'entreprise dit procéder au cas par cas pour ses produits distribués dans chaque province canadienne. « Les hausses de tarifs pourraient être complètement, partiellement ou pas du tout transmises au client », expose Brown Forman.

Mais certaines régies des alcools semblent sur le point de faire grimper les prix par elles-mêmes. La Société des alcools du Québec offre continuellement une sélection de 20 whiskys américains susceptibles d'être ciblés. Leurs prix pourraient alors augmenter de jusqu'à quatre dollars par bouteille de 750 millilitres, indique la SAQ.