Longtemps synonyme de défilés de marques et de boutiques estimées sur l'avenue McGill College à Montréal, le Festival Mode & Design s'est transformé pour être désormais un point de connexion entre l'industrie de la mode, ses designers et les consommateurs. Aux traditionnels défilés se sont ainsi greffés, avec le temps, une panoplie de conférences, spectacles multidisciplinaires, performances et boutiques éphémères avec présence de designers.

Longtemps synonyme de défilés de marques et de boutiques estimées sur l'avenue McGill College à Montréal, le Festival Mode & Design s'est transformé pour être désormais un point de connexion entre l'industrie de la mode, ses designers et les consommateurs. Aux traditionnels défilés se sont ainsi greffés, avec le temps, une panoplie de conférences, spectacles multidisciplinaires, performances et boutiques éphémères avec présence de designers.

Les difficultés auxquelles font face les détaillants, depuis quelques années, et une industrie de la mode en mutation ne sont pas étrangers à ce changement d'axe. « Les entreprises veulent avoir un contact avec les consommateurs, un accès direct. Entre autres avec le commerce en ligne, note Chantal Durivage, vice-présidente exécutive de Groupe Sensation Mode, productrice et conceptrice du festival (qui se déroulera du 21 au 26 août). Donc, notre proposition répond plus aux enjeux actuels. On crée des expériences. »

Des expériences ? « Pour que les marques en tirent notamment du contenu pour les réseaux sociaux, dit Jean-François Daviau, président de Groupe Sensation Mode. Elles veulent créer des histoires et faire vivre leur marque, être cool, attirer de la main-d'oeuvre... »

« Les plus petites misent là-dessus, constate Émilie Gentès, superviseure, relations publiques, de La Vie en Rose, participante au festival depuis quelques années. Les gens consultent leur compte Instagram, car un tel événement génère beaucoup de contenu pour elles. »

Car un détaillant ou un designer veut en avoir pour son argent s'il dépense pour une présence au festival. 

« Les marques ont différents défis, donc elles veulent bien investir chaque dollar. L'ensemble de leurs actions doit être performant. On doit ainsi constamment réfléchir à différentes façons de créer. »

- Chantal Durivage, productrice et conceptrice du Festival Mode & Design

Une participation au festival pour un gros acteur comme La Vie en Rose, qui présentera encore une fois un défilé de lingerie, demande un investissement de « plusieurs milliers de dollars ». « On ne voit pas une hausse notable de ventes en magasin dès le lendemain, mais ça vaut la peine de participer pour la visibilité et pour montrer que l'industrie s'encourage, note Émilie Gentès, qui souligne que les ventes de La Vie en Rose progressent depuis cinq ans. C'est une fête, quelque chose de collectif. »

Et à l'aube de ses 18 ans, Groupe Sensation Mode aimerait justement que de telles festivités et interactions entre le milieu et les consommateurs se fassent à l'année grâce à l'organisation d'événements ponctuels et de conférences. « Nos revenus augmentent depuis deux ans, note Chantal Durivage. Là, on est prêts pour une croissance. »

« À Montréal, il y a encore beaucoup de place pour développer, dit Jean-François Daviau. Il faut embarquer au niveau de la mode, mais aussi de l'architecture et du design. »

On est loin des débuts du festival ! « Il y a 17 ans, les marques et détaillants ne voyaient pas l'intérêt de participer, admet Jean-François Daviau. On a bâti ça pendant cinq ou six ans. Les designers disaient : "Pourquoi je ferais un défilé ?" Puis, quand on est déménagés sur McGill College, en 2004, avec la collaboration d'Ivanhoé Cambridge, les gens ont vu que le retour sur l'investissement était possible. Que ça amènerait des clients en magasins. Ça a levé. »

Actuellement, Groupe Sensation Mode bénéficie d'un budget de 2,5 millions pour organiser son festival. « On a revu notre façon de faire depuis deux ans, refait notre plan d'affaires, raconte Jean-François Daviau. On a produit la Semaine de mode [présentations semestrielles avec des créateurs et des manufacturiers] jusqu'en 2013, par exemple. On s'est recentrés sur le festival, les consommateurs et les créateurs. La Semaine de mode était liée à un écosystème qui est tombé, car il n'y a plus d'acheteurs. Cet événement était fait pour les médias, mais la game a changé. »