L'entreprise montréalaise derrière les manteaux d'hiver Moose Knuckles vient de gagner devant un tribunal américain un procès en contrefaçon contre une vingtaine d'opérateurs de sites web frauduleux établis en Chine. Depuis trois ans, ces derniers écoulaient des copies contrefaites des manteaux haut de gamme conçus, assemblés et commercialisés par Moose International.

Ce jugement favorable obtenu en Cour fédérale américaine à Chicago contient une ordonnance de cessation immédiate des activités des 33 sites internet frauduleux et la cession complète de leur nom de domaine respectif (adresse web) à l'entreprise Moose International.

Le jugement comprend aussi une grosse allocation de dommages pouvant atteindre 52 millions US, soit l'équivalent de 68,5 millions CAN. Mais il s'agit toutefois d'une réclamation qui, malgré son montant important, aurait peu de chances d'aboutir dans les goussets de Moose International.

« Les 26 intimés dans cette poursuite, tous localisés en Chine, sont des fraudeurs aguerris en contrefaçon qui ont l'habitude de n'avoir aucun actif saisissable dans les pays où leurs sites web frauduleux sont accessibles. Ils prennent soin aussi de vider leurs comptes de paiement électronique comme PayPal », a indiqué Brad Evans, directeur de l'organisation de lutte contre la contrefaçon Anti-Counterfeiting Strategy Group (ACSG), depuis ses bureaux à Chicago.

Cette organisation était le principal intermédiaire juridique de Moose International devant la Cour fédérale à Chicago - un tribunal qui est réputé pour les causes de contrefaçon et de propriété intellectuelle (brevets, marques de commerce).

Un message

Pour les dirigeants de Moose International, cependant, l'importance de ce jugement obtenu contre des fraudeurs de leur marque de manteaux Moose Knuckles se mesure surtout sur « le message envoyé » dans le milieu de la contrefaçon, plutôt que sur le montant des dommages punitifs qui pourrait être encaissé.

« Bien sûr que nous tenterons d'en récupérer le plus possible, mais je me doute que ça va se limiter à quelques milliers de dollars, tout au plus », a confié Noah Stern, chef de la direction de Moose International, lors d'un entretien téléphonique hier, peu après l'annonce du jugement à Chicago.

Succès international

Fondée à Montréal il y a huit ans par des industriels vestimentaires d'expérience - Ayal Twik de Montréal et Noah Stern de Winnipeg -, l'entreprise Moose International et ses manteaux Moose Knuckles sont en forte croissance dans le marché mondial des vêtements hivernaux haut de gamme.

Selon M. Stern, l'entreprise vend maintenant « des centaines de milliers de manteaux » par an dans son réseau de 750 détaillants dans le monde.

À Montréal, dans le quartier Chabanel, Moose International a son siège social, présidé par Ayal Twik, ainsi que ses ateliers de conception et de prototypage de ses manteaux d'hiver.

« Fausse représentation »

Il y a quelques mois, le Bureau canadien de la concurrence intentait une poursuite pour « fausse représentation » contre Moose International. Il réclamait une amende de 4 millions à Moose International après avoir déterminé, en avril 2016, que sa forte promotion de l'origine « Made in Canada » des manteaux Moose Knuckles trompait les consommateurs.

Selon le Bureau de la concurrence, une majorité des matériaux et des travaux de confection des manteaux étaient en fait d'origine asiatique.

Après avoir longuement rejeté ces allégations, Moose International a finalement convenu en décembre dernier d'une amende réduite à 750 000 $, en plus d'améliorer rapidement et de détailler davantage l'étiquetage de ses manteaux.

Photo fournies par Moose Knuckles Canada

Moose Knuckles