Les actionnaires de la cimenterie McInnis à Port-Daniel - Gascons, en Gaspésie, avaient prévu dès le départ un fonds de 200 millions pour couvrir les dépassements de coûts. Or, la cimenterie, qui devait coûter 1,1 milliard, en coûtera 450 millions de plus, d'où la nécessité d'aller chercher des fonds additionnels.

Jeudi, on apprenait que la Caisse de dépôt et placement et le géant américain de la finance BlackRock allongent les 250 millions manquants, la Caisse avec 125 millions sous forme d'actions privilégiées et BlackRock avec 125 millions sous forme de débentures.

Mais qui a mis combien dans le fonds de contingence de 200 millions ? Ça, c'est moins clair. La Caisse de dépôt a indiqué hier que sa mise de fonds initiale avait été de 80 millions et qu'elle avait rajouté 60 millions pour renflouer les coffres. Ces 60 millions constitueraient donc sa part dans le fonds de 200 millions.

Qu'est-ce qui en est des autres actionnaires de Ciment McInnis soit Beaudier, le conglomérat de la famille Beaudoin-Bombardier, et Investissement Québec (IQ), la banque d'investissement du gouvernement provincial ? Hier, lors d'une téléconférence, le premier vice-président, Québec, de la Caisse, Christian Dubé, en réponse à une question de Jean-Paul Gagné, du journal Les Affaires, a soutenu que la famille Beaudoin-Bombardier avait contribué au fonds de prévoyance, sans en préciser le montant.

La Presse Affaires a tenté à deux reprises, hier après-midi, d'obtenir des précisions au bureau de Laurent Beaudoin, mais personne n'a voulu commenter.

Investissement Québec, actionnaire minoritaire dans la cimenterie avec une participation de 100 millions, a-t-elle contribué au fonds de secours ? Les réponses à nos questions à la ministre de l'Économie, Dominique Anglade, n'ont malheureusement pas permis de clarifier la situation.

Son cabinet se contente de répéter que le gouvernement n'a pas remis d'argent outre ses 100 millions en actions et son prêt de 250 millions.

On en déduit que les 100 millions investis par IQ dans le capital de McInnis incluent à la fois sa mise de fonds initiale ainsi que sa quote-part dans le fonds de prévoyance, sans connaître les proportions de l'un et de l'autre.

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Le prêt gouvernemental de 250 millions à risque


Le prêt de 250 millions du gouvernement dans la cimenterie paraît à risque plus que jamais. Déjà prêteur subordonné, Investissement Québec (IQ) pourrait bien reculer d'un rang avec l'arrivée de BlackRock - qualifié de partenaire par Michael Sabia, patron de la Caisse de dépôt - dans le montage financier.

« On n'a pas finalisé encore toutes ces discussions, a répondu Christian Dubé à une question sur le sujet. On va finaliser toute la documentation légale au cours des prochains jours. » Pour l'heure, un syndicat bancaire mené par la Banque Nationale est créancier de premier rang, et IQ est prêteur subordonné.

Le rang du prêteur détermine dans quel ordre se fait le remboursement. Un prêt subordonné est plus risqué qu'un prêt de premier rang parce qu'il est le dernier à se faire rembourser. Si le créancier manque d'argent, c'est le prêteur de second rang qui écope en premier.

Lors de l'étude des crédits le printemps dernier, un document déposé par la ministre Dominique Anglade indiquait que le gouvernement avait déjà pris une provision pour pertes de 116 millions sur ses interventions de 350 millions dans la cimenterie.

La cimenterie de Port-Daniel - Gascons va coûter plus de 1,5 milliard. Elle est complétée à 60 %. « L'objectif est de terminer la construction aussi rapidement que possible. Ça va probablement demander quatre, cinq ou six mois », a indiqué Michael Sabia.

Les premières livraisons de ciment sont prévues en 2017, dont une large proportion sera destinée au marché américain.