Le géant de l'aluminium et des métaux composites Alcoa, en cours de scission en deux entités indépendantes, a lancé lundi sur une bonne note la saison des résultats trimestriels des entreprises américaines en dépit d'une conjoncture morose.

Les bénéfice et ventes de la société ont certes baissé, mais beaucoup moins que ne le redoutaient les observateurs, inquiets des incertitudes entourant la croissance mondiale et, depuis peu, soucieux de la victoire des partisans de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit) lors du référendum du 23 juin.

Le bénéfice net s'est élevé à 135 millions de dollars (-3,6% sur un an), ce qui revient à 15 cents par action hors éléments exceptionnels contre 10 cents attendus en moyenne par les marchés, a indiqué le groupe.

Plombé par le déclin continu des prix de l'aluminium, le chiffre d'affaires trimestriel d'Alcoa a certes plongé de 10,2%, à 5,29 milliards de dollars, mais il est au-dessus des 5,20 milliards anticipés par les marchés.

«Le recul des revenus est principalement dû à de faibles prix de l'aluminium et de l'alumine et à l'impact de la réduction de capacités et de la fermeture de sites», explique le groupe.

Le prix de la tonne d'aluminium a chuté de 11% au deuxième trimestre 2016 comparé à 2015, à 1.583 dollars, du fait de la surabondance de l'offre et d'une baisse de la consommation chinoise, un des plus gros consommateurs de métaux du globe. Le plongeon est de 50% depuis les plus hauts, atteints en 2008.

Bond de l'action

S'attendant en conséquence à de biens mauvais résultats, les investisseurs saluaient lundi la résistance d'Alcoa: le titre bondissait de 3,94% à 10,54 dollars vers 21H15 GMT dans les échanges électroniques de post-séance.

Pour le reste de l'année, Alcoa maintient ses prévisions, notamment pour ce qui est du rapport de force entre la demande et l'offre d'aluminium. Le déficit d'aluminium devrait toutefois baisser à 775.000 tonnes contre 1,1 million auparavant.

La demande mondiale devrait augmenter de 5%, soit deux fois et demi la hausse attendue de l'offre, prédit le groupe, qui est en train de séparer ses produits et solutions d'ingénierie ainsi que les solutions destinées à l'aéronautique et à l'automobile (Arconic) de ses activités traditionnelles d'aluminium (Alcoa).

Cette séparation, toujours prévue pour le second semestre, est destinée à mieux refléter la diversification de l'ex-numéro un mondial de l'aluminium, de plus en plus tourné vers les métaux et composants de spécialité pour l'industrie aéronautique.

Les regards sont tournés vers «Arconic», censée être la société à la rentabilité prometteuse. Elle a enregistré un chiffre d'affaires trimestriel de 3,5 milliards (+1%).

Elle va toutefois hériter d'une dette de 7,8 milliards de dollars d'Alcoa, ce qui devrait affecter sa note de solvabilité financière auprès des agences de notation, mais espère que ses perspectives de croissance lui permettent de gagner la confiance des investisseurs.

Arconic est sollicité par le secteur aéronautique afin de fournir des composants pour les moteurs d'avion à base d'alliage de nickel, de titane et d'aluminium.

Les groupes automobile comme Ford recourent également à des éléments d'aluminium pour des châssis et la carrosserie.

Alcoa continue donc de prévoir une hausse de 6% de ses ventes dans le secteur aéronautique en 2016, tandis que la croissance devrait être de 1% à 4% dans le secteur des camions et remorques.

La croissance dans le secteur des emballages devrait également être de 1% à 3%.