Xerox, sous la pression de l'investisseur activiste Carl Icahn, fait volte-face sur la stratégie de diversification décidée par sa patronne Ursula Burns et va se scinder en deux sociétés indépendantes.

La première, consacrée au traitement des documents, regroupera les activités historiques du groupe dont ses célèbres photocopieurs, les imprimantes et autres numériseurs.

La seconde sera dédiée aux services dans les domaines du transport, de la santé, du commerce et de l'administration.

L'opération doit être finalisée d'ici la fin de l'année.

Peu après son arrivée à la tête de l'entreprise en 2009, Mme Burns avait tenté un virage audacieux en lançant Xerox dans le secteur des services.

Mais la réorientation de l'entreprise, entamée avec le rachat en 2010 d'ACS, n'a pas eu les effets escomptés et le groupe est en restructuration depuis plusieurs années.

L'entreprise, basée dans le Connecticut sur la côte est des États-Unis, a d'ailleurs fait part d'un nouveau programme d'économies de 2,4 milliards sur les trois prochaines années.

Son titre a perdu depuis un an près d'un tiers de sa valeur à la Bourse de New York. Vendredi vers 12 h, il bondissait de 6,28 % à 9,81 dollars après l'annonce de la scission.

Les activités des deux nouvelles sociétés, dont les noms et les directions n'ont pas encore été décidés, « recouvrent des réalités différentes en termes de marchés et de clients », a justifié Mme Burns dans une conférence téléphonique.

Tout ce qui concerne le traitement des documents « fait face à un déclin structurel modeste », avec des entreprises cherchant par exemple à réduire les coûts d'impression, quand les activités liées aux services « sont parties prenantes d'un marché croissant, mais évoluant rapidement », a-t-elle relevé.

En choisissant l'option du démantèlement, Xerox suit les traces du géant de l'informatique Hewlett Packard qui a officialisé en novembre sa séparation en deux sociétés, l'une dédiée aux services et produits pour les entreprises, l'autre conservant les activités historiques dans les imprimantes et ordinateurs.

Nouvel eBay 

Après avoir dégagé une perte nette au troisième trimestre, Xerox avait annoncé fin octobre un examen stratégique de l'ensemble de ses activités, sans détailler quelles options étaient sur la table.

Carl Icahn avait fait irruption dans le capital de Xerox quelques semaines plus tard, en novembre, augmentant peu à peu sa participation pour devenir le deuxième actionnaire avec 8,13 % du capital derrière le fonds Vanguard (8,4 %).

Mme Burns a assuré sur la chaîne CNBC que l'arrivée du bouillonnant milliardaire n'avait pas influencé la stratégie de Xerox, affirmant qu'il n'avait « rien à voir avec la mise en route, la réflexion, l'analyse ou toute discussion autour de l'opération » de scission.

Il n'empêche, M. Icahn n'a jamais caché vouloir discuter avec la direction de Xerox des moyens d'améliorer la performance opérationnelle et de rechercher d'autres voies stratégiques.

Il se verra offrir trois sièges sur neuf au sein du conseil d'administration de la nouvelle société dédiée aux services.

L'homme d'affaires est réputé pour s'immiscer dans la gestion des entreprises dans lesquelles il investit, à grand renfort de déclarations médiatiques. Parmi ses derniers faits d'armes figure la scission entre le groupe de commerce en ligne eBay et sa filiale de paiement en ligne PayPal.

Il a d'ailleurs fait directement référence à ce précédent fait d'arme dans un tweet, écrivant: « J'applaudis et respecte Urusula Burns pour faire ce qu'elle pense être la volonté des actionnaires, comme John Donahoe l'a fait pour eBay et Paypal ».

Cette annonce accompagne la diffusion de résultats en demi-teinte.

Xerox a divisé son bénéfice net par plus de deux sur l'ensemble de l'année, dégageant 488 millions de dollars de profits contre 1,01 milliard en 2014.

Son chiffre d'affaires, en recul de 8 % à 18,05 milliards de dollars, s'affiche en dessous des prévisions.

Mais ajusté par action et hors éléments exceptionnels, le bénéfice ressort à 98 cents, soit un peu au-dessus des 95 cents attendus par les analystes.

Sa prévision d'un bénéfice ajusté par action compris entre 1,10 dollar et 1,20 dollar en 2016 dépasse aussi légèrement les prévisions.