Le magnat américain Philip Knight, 77 ans, quitte Nike qu'il a co-fondé il y a un demi-siècle et propulsé premier équipementier mondial grâce à des coups marketing et le concours des vedettes du sport comme le basketteur Michael Jordan.

M. Knight va quitter la présidence du conseil d'administration de Nike en 2016, a annoncé le groupe de l'Oregon (nord-ouest) mardi.

Pour lui succéder, il recommande lui-même Mark Parker, directeur général du groupe depuis 2006. Mais la décision finale revient au conseil, qui a engagé une procédure de succession.

M. Parker a pour lui les bonnes performances financières de la marque à la Virgule (The Swoosh). Sous son règne, Nike a creusé l'écart avec ses principaux rivaux et surtout rivalise quasiment d'égal à égal avec son grand concurrent Adidas dans le football, un sport dans lequel Nike est présent seulement depuis les années 1990.

En parallèle, Phil Knight va aussi transférer ses actions, qui représentent environ 15% du capital, vers une entité indépendante, Swoosh LLC, qui comptent Mark Parker et lui-même dans son conseil d'administration. Son fils Travis Knight, 41 ans, entre lui au conseil d'administration de Nike.

L'histoire de Philip Knight, marié et père de quatre enfants, est une success-story à l'américaine.

Ancien étudiant coureur de demi-fond de l'Université de l'Oregon, il convainc dans les années 1960 l'entreprise japonaise Onitsuka, qui fabrique les chaussures Tiger, de produire des baskets qu'il revend, lui, sur les campus universitaires avec Bill Bowerman, son ex-entraîneur.

Le coup de «bluff» paie puisqu'en 1964 les deux compères créent la société Blue Ribbon Sports. Philip Knight ne compte pas s'arrêter là. Il voit grand et obtient de Carolyn Davidson, une étudiante en graphisme, de lui dessiner un logo. Ce sera la fameuse virgule, «The Swoosh». En 1971 Blue Ribbon Sports devient Nike, en référence à la déesse grecque de la Victoire, et adopte le logo.

Suivront des innovations toutes couronnées de succès. D'abord la «Waffle», la chaussure de sport dont la semelle est présentée comme amortissant les chocs. Il y a la «Tailwind» qui se singularise par ses coussins d'air.

Plébiscité, Nike fait son entrée en Bourse en 1981, une première pour un équipementier de sport aux États-Unis, afin de trouver de l'argent frais nécessaire à ses ambitions.

Si la réputation de «chausseur» sportif est faite, Philip Knight veut désormais s'attaquer au marketing, censé donner un nouvel élan à Nike.

Who's who 

La marque veut capitaliser sur l'état d'esprit américain de la gagne. Pour Philip Knight, il n'y a que des athlètes pour symboliser ce sentiment.

Il se tourne vers le coureur Steve Prefontaine. Mais c'est la légende du basket Michael Jordan qui assiéra définitivement la notoriété de la marque dans les années 90.

Avec Michael Jordan, Nike accélère dans la production des chaussures accolées à l'image des sportifs. Les «Air Jordan», déclinées en versions, restent parmi les baskets les plus vendues à travers le globe.

On retiendra aussi le spot publicitaire de lancement en 1987 des «Air Max», qui emprunte à «Revolution» des Beatles. Rebelote l'année d'après quand Philip Knight use du slogan «Just do it» (Fais-le, c'est tout!), désormais attaché à Nike.

La célèbre griffe est omniprésente dans les sports populaires comme le football, le football américain, le hockey, le baseball, le basket-ball...

Ses ambassadeurs font partie du who's who du monde sportif: la vedette portugaise du football Cristiano Ronaldo, les basketteurs Lebron James et Kobe Bryant, les joueuses de tennis Maria Sharapova et Serena Williams ou encore le joueur de golf Tiger Woods.

Lors de son passage sur les bancs de la prestigieuse université de Stanford (Californie), Philip Knight avait frappé les esprits en écrivant, dans un mémoire, comment il était possible de détrôner Adidas, alors leader mondial de la chaussure de sport.

Pour lui, le groupe de sport de demain devait se limiter à concevoir ses produits et à gérer le marketing et l'innovation. Des recettes qu'il a su appliquer à Nike, un groupe qui pesait près de 90 milliards de dollars en Bourse mardi soir et qui lui a permis d'amasser une fortune personnelle estimée à 24,3 milliards de dollars,selon le magazine Forbes.